Appels en hausse, personnels « à bout de souffle »…, les centres du 15 saturés

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« L’urgence sanitaire devrait être déclenchée », tonne Jean-François Cibien, vice-président de SAMU-Urgences de France. Selon ce médecin urgentiste au SAMU dans le Lot-et-Garonne, la situation dans les centres d’appels est devenue hautement critique. Pourtant, SAMU-urgences de France a, à maintes reprises, préconisé de recruter davantage d’assistants de régulation médicale (ARM), ces petites mains inconnues du grand public, qui travaillent en première ligne. Quand on compose le 15, ce sont eux qui décrochent le téléphone. Ils évaluent le degré d’urgence et orientent l’appel vers le service approprié. Dans certains cas, ils prodiguent, à distance, les premiers soins. Depuis quelques semaines, leurs conditions de travail se sont encore dégradées. Notamment à cause de l’épidémie de grippe.

Sur le plan national, les chiffres parlent d’eux-mêmes : pendant les vacances de Noël, il y aurait eu entre 30 % et 55 % d’appels en plus sur tout le territoire, d’après les chiffres de l’Association française des assistants de régulation médicale (Afarm). La première ministre Elisabeth Borne avait déjà annoncé à l’AFP, le 20 décembre 2022 à la suite d’une réunion de pilotage de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, « une hausse de 20 à 30 % des appels ».

Dans un communiqué de presse publié mardi 3 janvier, l’Afarm a réclamé « un rendez-vous de toute urgence » avec le ministre de la santé François Braun. « Le métier est à bout de souffle et lance un dernier cri d’alerte. Si celui-ci reste sans écoute, il sera le dernier avant un mouvement national des ARM sans précédent », y prévient l’organisation.

« De l’abattage »

« On a jusqu’à 3 000 appels par jour, en temps normal, ce n’est même pas la moitié. Sauf qu’on n’est pas plus nombreux. Tout le monde est à bout, certains de mes collègues pleurent en fin de garde. On a l’impression de faire de l’abattage », confie Lilian Gelbart Carrasco, ARM en Haute-Garonne. Même combat dans les Deux-Sèvres, où le nombre d’appels a doublé par rapport à décembre 2021, jusqu’à atteindre un pic le 19 décembre 2022, avec 89 % d’appels en plus. Le même jour, l’Ile-de-France a battu son record, avec 22 700 appels. Un chiffre qui a depuis baissé (17 300 appels le 26 décembre 2022).

Si la grosse vague d’appels qui a inondé l’ensemble des SAMU la première semaine des vacances de Noël semble être passée, le mal-être des équipes est toujours là. « Nous sommes épuisés. On ne peut pas continuer comme ça », évoque Emmanuel Cléro, médecin régulateur au SAMU de Rouen. Dans ce centre, 120 000 appels ont été décrochés en 2022, le triple par rapport à 2019. Une situation qui a poussé le médecin et 34 de ses collègues volontaires à se mettre en grève lundi 2 janvier.

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