Etats généraux de la diplomatie : « Un nouveau contrat est nécessaire entre l’Etat et ses diplomates »

Depuis deux mois, les agents du Quai d’Orsay et les partenaires de ce ministère sont invités à participer aux Etats généraux de la diplomatie, lancés par la ministre Catherine Colonna à la demande du président de la République.
Ce grand débat qui s’achèvera début 2023 est organisé autour de trois thèmes auxquels chacun est invité à librement contribuer. Compte tenu de l’évolution du monde et de l’Europe, de quelle diplomatie, de quels diplomates la France a-t-elle besoin ? Il s’agit, en somme, de questionner l’évolution du métier, tel qu’évoqué par le président de la République dans son dernier discours aux ambassadrices et ambassadeurs.
Paradoxe
Comment faire évoluer, dans le contexte de la réforme de la haute fonction publique, l’organisation du recrutement, de la formation, de l’évaluation, du déroulement des carrières de toutes les catégories d’agents de ce ministère ? « Enrichir la réforme », disait le chef de l’Etat dans cette même intervention. Enfin, que faut-il faire pour que le ministère occupe pleinement et efficacement la place de « chef de file » de l’action internationale de l’Etat que lui assignait le président ?
Pour répondre à ces questions, la discussion a été organisée par une équipe indépendante autour d’une palette de questionnaires, ateliers, auditions, contributions écrites, visites de terrain, rencontres et débats qui vont battre leur plein jusqu’à mi-janvier.
Agents du ministère, de tous grades et statuts, parlementaires, élus territoriaux, Français de l’étranger, syndicats, associations, entreprises, autres fonctionnaires, personnalités culturelles, spécialistes de la chose internationale, collègues étrangers : c’est une moisson riche qui permettra un constat complet, sans filtre et impartial et, sur cette base, des propositions concrètes, assorties d’un puissant mécanisme de suivi.
Pourquoi ce grand débat a-t-il été décidé ? Parce que le ministère n’en pouvait plus d’un paradoxe qui commençait à menacer notre diplomatie. Depuis une génération, l’européen et l’international pénètrent toutes les dimensions de nos vies au point qu’aucune politique publique ne peut se construire sans s’y référer. Et depuis quelques années, les crises internationales qui se succèdent nourrissent une forme d’angoisse sur l’avenir du monde et de la France.
En même temps, la fonction diplomatique prend une ampleur croissante dans l’agenda des hautes autorités de l’Etat, qu’il s’agisse de guerre et de paix, du changement climatique, de l’avenir de l’Europe, des migrations ou de la santé. Et pourtant, ce ministère est le seul qui ait vu depuis trente ans ses budgets, hors aide publique au développement, et ses effectifs fondre de près d’un tiers.
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