« La délivrance d’un titre de séjour durable favoriserait l’inclusion sociale, l’évolution professionnelle et la formation linguistique des salariés sans papiers »

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Aujourd’hui, les contradictions de notre politique migratoire sautent aux yeux. Plusieurs centaines de milliers de personnes vivent en France sans statut, sans papiers et sans perspective de régularisation. Notre système médico-social et notre système éducatif, heureusement, leur délivrent quelques protections : aide médicale d’Etat, hébergement d’urgence et scolarisation des enfants sont assurés, au moins en principe.

Mais elles n’ont le droit ni de travailler ni de se loger ! Ce qui rend intenable le travail social des associations chargées de l’hébergement d’urgence, et oblige les personnes sans papiers à la clandestinité et les condamne à la désocialisation. Comment peuvent-elles s’intégrer avec la peur au ventre d’un contrôle d’identité et d’une reconduite à la frontière, en allant chercher leurs enfants à l’école ou en se rendant à leur travail ?

Pourtant, ces personnes, aux côtés de leurs collègues de travail, contribuent à l’activité économique, à la vie sociale de notre pays. Dans nos restaurants, elles font la plonge et la cuisine. Dans nos immeubles, elles nettoient les bureaux et s’occupent des parties communes. Dans nos rues, elles œuvrent sur les chantiers du bâtiment et des travaux publics. Dans nos commerces, elles pétrissent le pain et découpent la viande. Dans nos métropoles, elles ramassent et trient les déchets. Dans nos logements, elles gardent nos enfants et prennent soin de nos aînés. Dans nos supermarchés, elles opèrent la manutention, la mise en rayon et la sécurité. Dans nos exploitations agricoles, elles cueillent les fruits et prennent soin des animaux. Dans les grandes entreprises de logistique, elles préparent les commandes et assurent leur livraison. Dans nos industries, elles produisent. Sur l’ensemble de notre territoire, elles livrent les repas à nos domiciles, posent les voies ferrées et installent la fibre optique.

Une cohorte précaire et dévalorisée

Nous les voyons, nous le savons. Ces personnes étaient en première ligne, lors de la pandémie, pour garantir la continuité des activités indispensables à notre vie à tous. Nous les voyons, nous le savons. Le président de la République lui-même l’a dit, le 13 avril 2020, pendant le premier confinement, elles sont de celles et ceux que « nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». Elles constituent une cohorte précaire et dévalorisée que la simple morale nous interdit d’ignorer.

Le sens de l’histoire et la justice la plus élémentaire, c’est de les reconnaître. Vivre ensemble, faire société, nous oblige à ne pas accepter leur invisibilisation sociale qui en fait, trop souvent, les boucs émissaires du débat public.

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