« Le président de la République ne peut pas se prévaloir du vote des électeurs en avril pour imposer sa réforme des retraites »

plus de 40% des salariés qui prennent leur retraite ne sont plus en emploiLe gouvernement d’Emmanuel Macron s’apprête donc à imposer une augmentation de l’âge minimal de départ en retraite, une mesure antidémocratique et antisociale, mais aussi anti-économique. Le président de la République ne peut pas se prévaloir du vote des électeurs en avril pour imposer cette réforme sous prétexte qu’il l’avait inscrite dans son programme. Celui-ci n’a reçu l’assentiment que d’un Français [inscrit sur les listes électorales] sur cinq au premier tour de l’élection présidentielle. Comme beaucoup de nos compatriotes, nous avons voté pour Emmanuel Macron au second tour pour faire barrage à l’extrême droite, tout en exprimant clairement notre volonté de combattre nombre de ses projets, notamment celui-ci.
Aujourd’hui, deux Français sur trois sont opposés à cette réforme, ainsi que l’ensemble des organisations syndicales et de jeunesse. La concertation lancée par le gouvernement n’est qu’un faux-semblant et l’exécutif compte manifestement une fois de plus sur le trop fameux article 49.3 de la Constitution pour imposer cette réforme sans réel débat au Parlement.
Reculer l’âge légal de la retraite à 64 ou 65 ans, c’est s’en prendre d’abord aux catégories sociales les moins favorisées, celles et ceux de nos concitoyens qui ont commencé à travailler tôt, qui ont eu les conditions de travail les plus dures et qui ont l’espérance de vie en général et l’espérance de vie en bonne santé en particulier les plus courtes.
Régression sociale majeure
Emmanuel Macron avait certes déjà démontré le peu de cas qu’il faisait de ces personnes en supprimant, en 2017, quatre critères de pénibilité (port de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques et exposition à des produits chimiques), qui ouvraient droit à un départ anticipé en retraite, à un travail à temps partiel ou à une reconversion professionnelle.
Reculer l’âge de la retraite à 65 ans, c’est demander à un ouvrier ou à une employée entrés à 18 ans sur le marché du travail de travailler quarante-sept ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein, quand un diplômé de l’enseignement supérieur ayant commencé à travailler à 22 ans ne devrait cotiser que quarante-trois ans. On est bien loin du « 1 euro cotisé doit donner à tous les mêmes droits » d’Emmanuel Macron, qui était censé servir de base à la réforme avortée de 2019. Après avoir déjà subi la réforme de l’assurance-chômage, ce sont d’abord les travailleuses et les travailleurs de « deuxième ligne », encensés pendant la pandémie, qui seront les plus pénalisés.
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