Iran : fermeture d’un institut français après la publication de caricatures
Les autorités iraniennes ont décidé de fermer l’Institut français de recherche en Iran (Ifri) en représailles de caricatures dans Charlie Hebdo jugées insultantes pour le guide suprême Ali Khamenei. L’Ifri est l’un des plus anciens et des plus importants centres d’études français. Le ministère français des Affaires étrangères n’a reçu « aucune information officielle » sur ces annonces qui « seraient regrettables si elles se confirmaient », a réagi la porte-parole du Quai d’Orsay, Anne-Claire Legendre, dans une déclaration écrite.
Téhéran avait averti Paris, mercredi 4 janvier, qu’il prendrait des mesures après la publication par le magazine satirique de ces dessins mettant en scène la plus haute personnalité religieuse et politique de la République islamique d’Iran. « Le ministère met fin aux activités de l’Institut français de recherche en Iran (Ifri) comme une première étape », a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le Quai d’Orsay a précisé que l’Ifri était « un haut lieu de culture et d’échanges, né de la fusion en 1983 de la Délégation archéologique française en Iran créée en 1897 et de l’Institut français d’iranologie de Téhéran fondé en 1947 par (le philosophe et orientaliste français, NDLR) Henry Corbin ». L’Ifri est affilié au ministère français des Affaires étrangères, selon son site Internet.
À LIRE AUSSI« La révolte en Iran a aussi fait 66 morts côté régime »Dans son communiqué, le ministère iranien accuse les autorités françaises « d’inaction continue face aux expressions d’anti-islamisme et à la propagation de la haine raciste dans les publications françaises ». Il demande au gouvernement français de réclamer des comptes aux « auteurs (de la propagation) d’une telle haine », soulignant que le « peuple iranien » suivrait « avec sérieux » la réponse qu’apporterait la France. Le ministère appelle aussi Paris à mener « une lutte sérieuse contre l’islamophobie ».
« Charlie Hebdo » veut soutenir les « Iraniens qui se battent pour leur liberté »
Les caricatures publiées dans le journal satirique ont été retenues dans le cadre d’un concours lancé en décembre, au moment où des manifestations se poursuivaient en Iran pour protester contre la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict du pays.
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Les responsables iraniens, qui dénoncent généralement des « émeutes », affirment que des centaines de personnes ont été tuées lors des protestations, y compris des membres des forces de sécurité, et des milliers d’autres arrêtées. Charlie Hebdo avait expliqué en décembre que ce « concours international » visait à soutenir les « Iraniens qui se battent pour leur liberté ».
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Le numéro contient plusieurs dessins d’ordre sexuel montrant l’ayatollah Khamenei et d’autres religieux iraniens, de même que des caricatures dénonçant le recours en Iran à la peine capitale comme tactique pour intimider les manifestants.
« Un acte insultant et indécent »
Deux Iraniens ont été exécutés pour leur implication dans les manifestations. Et jeudi la justice iranienne a prononcé une nouvelle condamnation à mort en première instance contre un homme ayant participé aux manifestations.
Avant l’annonce de la fermeture de l’Ifri, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait souligné qu’en France, « la liberté de la presse existe contrairement à ce qu’il se passe en Iran », rappelant que le délit de blasphème n’existe pas en droit français. « La mauvaise politique est celle qui est suivie par l’Iran qui pratique des violences à l’encontre de sa propre population », avait-elle ajouté jeudi, interrogée sur la chaîne de télévision française LCI.
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Mercredi, son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian avait dénoncé « un acte insultant et indécent » qui ne « restera pas sans réponse ferme ». Et l’ambassadeur de France en Iran Nicolas Roche avait été convoqué le même jour par les Affaires étrangères à Téhéran. « La République islamique d’Iran n’accepte en aucune façon l’insulte de ses valeurs […] islamiques, religieuses et nationales […] et la France n’a pas le droit d’insulter ce qui est sacré […] pour les pays musulmans sous le prétexte de la liberté d’expression », a dit le porte-parole du ministère, Nasser Kanani.
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L’Iran « considère le gouvernement français responsable de cet acte haineux, insultant et injustifié », a-t-il ajouté dans un communiqué, précisant attendre des « explications » de Paris.
Le siège de l’Ifri, situé dans le centre de Téhéran, avait été fermé durant de longues années. Il avait rouvert sous la présidence du modéré Hassan Rohani (2013-2021) comme un signe du réchauffement des relations entre la France et l’Iran. Il comprend notamment une riche bibliothèque, utilisée par les étudiants de la langue française et des universitaires iraniens.
Source: lepoint.fr