Retraites : « La réforme est courageuse et va être difficile »

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Une nouvelle réforme des retraites est indispensable pour sauvegarder notre régime. Le poids de la démographie est implacable, avec un rapport entre le nombre de cotisants et celui de retraités qui ne cesse de se dégrader selon le Conseil d’orientation des retraites (COR). Les projections du COR, qui font état de déficits croissants, sont, en sus, fondées sur des hypothèses de chômage et de productivité optimistes. Si « gouverner, c’est prévoir », cela signifie qu’il faut prendre les mesures nécessaires. Notons qu’une majorité de Français ne souhaite pas remettre en cause les règles de départ en retraite issues des précédentes réformes alors que nos concitoyens y étaient souvent opposés.

Augmenter les cotisations alors que le taux de prélèvements obligatoires en France est l’un des plus forts au monde, et ceci dans un contexte de forte inflation, peut plomber compétitivité et pouvoir d’achat, et entretenir un cycle négatif creusant encore plus les déficits. La seule réponse responsable consiste donc à allonger le nombre d’années travaillées. Il n’existe jamais de bon moment pour réformer. Retarder les réformes, c’est rendre la situation plus difficile et les réformes plus inéluctables. Le processus courageux de réforme engagé par le gouvernement répond à cette exigence de justesse et d’équilibre.

La hausse du minimum retraite à 1 200 euros et les dispositions relatives aux carrières longues vont dans ce sens. La justice implique aussi l’inclusion dans la réforme des régimes spéciaux et suppose des dispositions prenant en compte la pénibilité, comme à chaque réforme depuis 2003. La mesure de certaines conditions de travail pénibles dans les entreprises avec des seuils peut vite être une usine à gaz. Cinq rapports d’experts n’ont pas permis de résoudre les difficultés que leur mise en œuvre induisait, et elles furent logiquement retirées en 2017.

Favoriser la retraite progressive

Le constat d’exposition à la pénibilité doit conduire à l’amélioration des conditions de travail, car s’il y a pénibilité, il doit y avoir en contrepartie un avantage. Il faut donc prévenir la pénibilité et réparer l’usure. La première ministre a justement fait le choix de prendre en compte l’usure, médicalement constatée. Une vraie politique de prévention – sans effets pervers et sans création de nouveaux régimes spéciaux – passe par un retrait du salarié concerné du poste pénible mais non de l’emploi en général.

C’est le sens des mécanismes de formation de reconversion pour ceux qui ont travaillé sur des postes pénibles. Ce qui est plus exigeant et plus complexe pour les syndicats comme pour les entreprises… La réforme va en ce sens en prenant en compte le port de charges lourdes et les postures pénibles par des mesures de prévention et un accès à une retraite précoce sur constat médical. L’utilisation du compte professionnel de prévention s’appuiera utilement sur le dialogue social.

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