Au procès du « diable » Mickaël Philétas, le témoignage d’un rescapé de l’horreur

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Le petit ami de Mélanie dormait avec elle la nuit où elle a été sauvagement tuée par son ex-compagnon, jugé depuis mardi aux assises. Grièvement blessé, il témoigne.






Par Louis Chahuneau


Mickael Philetas est juge devant la cour d'assises des Yvelines, a Versailles, pour le meurtre de son ex-compagne en janvier 2020, a Ecquevilly. Cette nuit-la, l'accuse a egalement grievement blesse le nouveau compagnon et la petite soeur de la victime.
Mickaël Philétas est jugé devant la cour d’assises des Yvelines, à Versailles, pour le meurtre de son ex-compagne en janvier 2020, à Ecquevilly. Cette nuit-là, l’accusé a également grièvement blessé le nouveau compagnon et la petite sœur de la victime. 
© JEAN-MICHEL DELAGE / Hans Lucas via AFP

Temps de lecture : 2 min

Des réponses. Voilà ce qu’est venu cherché Brayan Hernandez devant la cour d’assises des Yvelines. Mickaël Philétas, 41 ans, est jugé depuis mardi pour l’assassinat de son ex-compagne Mélanie Ghione. Il comparaît aussi pour double tentative de meurtre sur Malaury Ghione, la petite sœur, et Brayan Hernandez, compagnon de la victime.

Vendredi, ce Colombien de 30 ans aux cheveux teints en rouge et aux nombreux tatouages est venu raconter devant la cour de cette nuit du 28 au 29 janvier 2020 où il a frôlé la mort. « Tous les soirs, j’ai des flashbacks, je revois son regard sombre, et je me demande pourquoi il a fait ça », dit-il. La nuit du drame, Brayan Hernandez dort dans le lit de Mélanie, sa nouvelle petite amie, lorsqu’il est réveillé par des cris vers 3 heures du matin. À peine a-t-il le temps de comprendre qu’un inconnu armé d’un long couteau de chasse débarque dans la chambre du couple et poignarde violemment Mélanie Ghione. Brayan essaye alors de le repousser mais tombe par terre dans la lutte. L’agresseur s’acharne et lui assène 40 coups de couteau. « J’ai essayé de me défendre mais c’était un diable », racontera-t-il aux gendarmes. Conscient mais grièvement blessé, il fait le mort. Cela lui sauvera la vie.

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« Ce qui m’a frappé, c’était son calme »

Lorsqu’il entend l’agresseur sortir de la maison, Brayan Hernandez descend péniblement dans le salon du pavillon, plongé dans le noir. Par la fenêtre, le jeune homme reconnaît son agresseur : Mickaël Philétas, que Mélanie avait quitté six mois plus tôt : « Ce qui m’a frappé, c’était son calme. Il n’a jamais paniqué, il a mis son manteau, son foulard, et a dépoussiéré ses manches. Il n’a même pas démarré la voiture en trombe », raconte Brayan. Une fois dans la rue, il tambourine chez le voisin, qui prévient la gendarmerie. Mélanie mourra quelques minutes plus tard. Malaury et Brayan survivront.

Trois ans plus tard, Brayan a retrouvé un semblant de vie normale mais garde de lourdes séquelles de cette nuit. Son corps est recouvert de longues cicatrices, des cuisses au torse, qui le lancent au moindre mouvement : « Je n’arrive même plus à ouvrir une bouteille d’eau », explique-t-il, attablé dans un café. Celui qui était professeur de zumba au moment du drame a repris les 12 kg perdus lors de sa convalescence et parvient de nouveau à danser. Mais le traumatisme a profondément affecté son cerveau : « J’ai voulu reprendre ma vie d’avant, mais ce n’est plus pareil. Ma mémoire est différente, je n’arrive plus à me concentrer, ni à dormir seul avec la lumière éteinte. »

Pour camoufler ses cicatrices, le jeune homme les a recouvertes de tatouages dont un phénix, cet oiseau mythique qui renaît de ses cendres. Il a également obtenu son titre de séjour après avoir bataillé pendant deux ans avec l’administration française. Aujourd’hui, Brayan Hernandez veut passer à autre chose, acheter une maison avec un jardin pour y fonder son foyer, et surtout monter son école de danse. Avant de quitter la table, il tient à lancer un message aux femmes victimes de violences conjugales : « Si je vous parle, c’est pour dire à toutes les femmes qui n’ont pas la force de porter plainte ou de stopper une relation : il ne faut pas avoir peur. »

Source: lepoint.fr