Réforme des retraites : le secteur de l’énergie aux avant-postes de la mobilisation

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Les syndicats de l’énergie, en pointe dans la mobilisation contre le projet de réforme des retraites, ont encore du jus. « Nous nous sommes préparés à combattre durement cette réforme, la bataille a commencé le 19 janvier, et elle peut durer longtemps », prévient Sébastien Menesplier, secrétaire général de la Fédération nationale mines-énergie CGT, celle des électriciens et des gaziers. « Nous réfléchissons à populariser des actions comme rendre l’énergie gratuite pour des citoyens en précarité ou pour des services publics tels que les hôpitaux ou les crèches. Nous ne voulons pas nous mettre à dos les usagers », précise-t-il, souhaitant une grève reconductible.

Le 19 janvier, les salariés des industries électriques et gazières ont répondu présent en masse. Au sein de l’électricien EDF, 44,5 % des agents étaient en grève à la mi-journée, selon la direction. Ils étaient 40 %, selon la direction du gazier Engie (ex-GDF Suez), ou encore 52 % et 41,4 % d’après ses filiales GRTgaz et GRDF. Enfin, dans la branche des industries pétrolières, la grève a atteint des taux encore supérieurs : de 70 % à… 100 % dans certaines raffineries du groupe TotalEnergies, affirme la CGT.

Coupures ciblées

S’agissant des électriciens, « l’unité syndicale interfédérale est un gage d’efficacité de la lutte syndicale, analyse Michel Vakaloulis, maître de conférences en science politique à l’université Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis. Il existe des foyers de mécontentement internes et externes, plusieurs champs de conflictualité, sur fond de crise énergétique en Europe ». En interne, il s’agit de lutter contre le retour éventuel du projet Hercule, qui vise à scinder en plusieurs entités EDF, un groupe, par ailleurs, en voie de renationalisation, l’Etat ayant « franchi le seuil de 90 % du capital et des droits de vote théoriques », a indiqué le ministère de l’économie, vendredi 20 janvier.

La production s’en est ressentie : charges en baisse (nucléaire, hydraulique, thermique), arrêts de déchargements de méthaniers, voire coupures de courant ciblées. La députée (Renaissance) Huguette Tiegna en a dénoncé une dans sa permanence parlementaire, jeudi, à Figeac (Lot).

Avec ce projet de réforme, électriciens et gaziers – 135 000 salariés au total, dont environ 80 % pour EDF et ses filiales, 18 % pour Engie et les siennes – craignent de voir disparaître leur système de retraite, un des piliers de leur statut spécifique, hérité de l’après-guerre. Proche de celui de la fonction publique (75 % des six derniers mois, au maximum, hors primes), ce modèle diffère du régime général (50 % sur vingt-cinq ans, avec primes) par son assiette et son taux de cotisation. Autre spécificité, il prend également en compte la pénibilité, permettant un départ anticipé de cinq ans au plus.

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