Réforme des retraites : LFI et la jeunesse défilent à Paris

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« Résistance ! », « On est là, même si Macron ne le veut pas, on est là ! » Une dizaine d’organisations de jeunes soutenues activement par La France insoumise (LFI), qui espérait « rebondir » sur le succès de la mobilisation intersyndicale de jeudi 19 janvier, défilent contre la réforme des retraites, samedi 21 janvier, à Paris.

« Nous sommes 150 000. La #Marche21Janvier est une immense réussite », s’est réjoui Colin Champion, président du syndicat La Voix lycéenne, sur Twitter, quand L’Alternative, autre syndicat étudiant, saluait « une mobilisation très massive à l’appel de la jeunesse », en fin d’après-midi. Ce chiffre était également repris par La France insoumise, soutien de la manifestation, et d’autres mouvements de jeunes au sein des partis présents dans le cortège.

Mélenchon « maudit » Macron qui voudrait tout « transformer en marchandise »

Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a dit « maudire » Emmanuel Macron, samedi, lors d’une harangue à la foule défilant contre la réforme des retraites à Paris. « Soyez maudit de vouloir transformer toute notre existence en marchandise […] tout salir, tout gâcher, tout réduire, tout quantifier », a ainsi lancé Jean-Luc Mélenchon depuis le toit du camion des organisateurs de la manifestation.

« Nous sommes en train de défendre le droit de vivre pleinement et humainement dans un temps libre, dans un temps autochoisi. Et que veulent-ils faire ? Ce qu’ils veulent faire tout le temps, à savoir transformer toute chose vivante ou inanimée en marchandise », a insisté l’ancien candidat à la présidentielle, présent aux côtés de la dizaine d’organisations de jeunesse qui avaient appelé à cette marche.

Selon Jean-Luc Mélenchon, le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans ne fera « pas travailler une seule personne ». « Ce sera des chômeurs de plus, des malades de plus, et surtout de la vie en moins », a-t-il plaidé. « Ils disent qu’il faut travailler davantage, pour quoi faire ? La clé de l’avenir ce n’est pas de produire plus, du jetable. Mais produire mieux, et pour le faire, il faut travailler moins », a fait encore valoir l’Insoumis.

Un appel à la grève générale

Le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste, Olivier Besancenot, a, de son côté, appelé les manifestants à être des « activistes de la grève générale. On va bloquer la société, paralyser l’économie », a-t-il scandé, alors que le projet de loi doit être présenté lundi en conseil des ministres. « Quelque chose est en train de se passer, il y a quelque chose qui ressemble aux mobilisations passées où on gagne », a encore assuré Olivier Besancenot, deux jours après une manifestation qui avait déjà réuni de 1 à 2 millions de manifestants, selon les estimations de la police ou de la CGT.

À LIRE AUSSI« On devra travailler plus longtemps » : ces jeunes, inquiets, qui manifestentL’objectif affiché du défilé de samedi était d’obtenir une mobilisation au moins égale à celle de la marche contre la vie chère organisée par les mélenchonistes et qui avait drainé 140 000 participants d’après les organisateurs, 30 000 selon la police. Mais « faire mieux » n’était pas gagné. En effet, le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon a été plus timide dans sa communication pour organiser cette manifestation, préférant se retrancher derrière dix organisations de jeunesse.

« On s’est rendu compte que les jeunes avaient envie de se mettre en avant, qu’ils se sentaient les premiers concernés », raconte Philippe Juraver. Qui admet que LFI avait aussi conscience de devoir montrer patte blanche aux syndicats, « froissés » que la date ait été annoncée avant la leur. « Donc dans la communication, on a fait très attention, c’est seulement depuis quelques jours, après l’annonce de la date du 19, qu’on a augmenté la communication pour le 21 », détaille-t-il.

Ce qui n’a pas empêché le leader de la CGT Philippe Martinez de pester sur BFMTV : « Ce n’est pas le moment de se diviser. Vu la mobilisation de jeudi, tout le monde a compris quelle est la date importante de la semaine. »

Pas de « concurrence »

« Notre rôle, c’est d’être en soutien de toutes les mobilisations », a déminé samedi lors d’un point de presse le député Louis Boyard, responsable de la jeunesse à LFI. Avant de s’agacer : « Est-ce que vous ne pouvez pas regarder que la jeunesse est dans une précarité énorme ? C’est le seul sujet dont on a envie de parler aujourd’hui. » « Ce n’est pas du tout une question de concurrence entre les mobilisations, c’est complémentaire », a insisté à ses côtés Éléonore Schmitt, porte-parole du syndicat étudiant L’Alternative.

Première épine dans le pied, l’Unef, principal syndicat étudiant, ne participera pas, préférant un « front syndical unitaire pour organiser la lutte de façon la plus large possible », justifie Imane Ouelhadj, sa présidente. Et, contrairement à la marche contre la vie chère, l’alliance de gauche Nupes ne soutient pas non plus cette initiative, EELV, PCF et PS estimant qu’il faut, pour les retraites, laisser faire les syndicats.

Mais, même au sein des formations politiques, les stratégies sont différentes. « EELV et d’autres partis ont décidé d’attendre la date de l’intersyndicale », mais « il était important de se mobiliser tôt (et de l’annoncer) dès décembre, car la jeunesse ne peut pas attendre », estime Clovis Daguerre, des Jeunes Écologistes.

Une jeunesse inquiète

Les jeunes craignent « une diminution du nombre d’emplois », explique Noémie Stickan, représentante du syndicat lycéen FIDL. Et ils veulent plus globalement « dire stop à cette mesure antisociale » du report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. « On est révolté, on a envie d’en découdre, on a envie de dire qu’on ne sera pas la génération sacrifiée », a clamé avant le départ du cortège Zoé Lorioux-Chevalier, membre de Génération.s.

À côté de L’Alternative étudiante ou encore la Voix lycéenne, les mouvements jeunes des partis de gauche se tailleront la part du lion dans la manifestation : les Jeunes Insoumis, les Jeunes Écolos, les Jeunes Générations, Place publique jeunes et le NPA jeunes.

« Samedi, on joue : “Coucou nous revoilou” derrière les organisations de jeunesse », a écrit Jean-Luc Mélenchon jeudi soir. Les médias « veulent, pensant dissuader, en faire une “marche des partis politiques” et même comme d’habitude une “marche de Mélenchon”. On a déjà vu ce que ça donnait dans un passé récent : ça attire ! »

Source: lepoint.fr