A la Nupes, le chef Mélenchon fragilisé par sa propre base

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Jean-Luc Mélenchon, lors de la manifestation contre la réforme des retraites, à Marseille, le 19 janvier 2023.

« Merci à vous tous qui prenez le risque de fréquenter le diable d’aussi près ! » C’est ainsi que Jean-Luc Mélenchon se désigne, lundi 16 janvier, devant une assemblée studieuse de chercheurs, experts et militants réunis pour une réunion de son nouveau groupe de réflexion, l’Institut La Boétie, consacrée aux retraites. Parmi les intellectuels, il passe des moments « extraordinaires », dit-il, oublie les vicissitudes. « Si je n’écris pas, ça ne va pas », confie le septuagénaire, qui prépare une nouvelle version de son livre programmatique L’Ere du peuple (Fayard, 2014). De prétendant à Matignon, l’ancien député qui demandait qu’on l’élise premier ministre au moment des législatives, en juin 2022, est devenu en quelques mois une figure plus contestée que jamais, y compris dans son propre camp.

A défaut de la faire gagner, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) qu’il a su fabriquer a pourtant permis de sauver la présence de la gauche à l’Assemblée nationale. Mais en défendant le député du Nord Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, il s’est aliéné les féministes ; pour ses anciens compagnons de route, absents de la nouvelle direction de La France insoumise (LFI), il est l’orchestrateur d’une quasi-purge. Le diable, on vous dit. Enfant, Jean-Luc Mélenchon a longtemps été enfant de chœur. Plus longtemps que trotskiste, promet-il. Mais il a achevé sa conversion. Quand il parle de la vulgate marxiste, il dit « le catéchisme » ou « l’Eglise ».

Pour ses anciens amis qui le regardent de loin, la réorganisation menée à Noël au sein de LFI rappelle que Jean-Luc Mélenchon est d’abord un lambertiste, d’héritage au moins. Depuis un restaurant chic de la gare de Lyon, il évoque les « deux ou trois ans » passés à l’Organisation communiste internationaliste, connue pour ses méthodes musclées et son goût du secret. « Santerre, Mélenchon, vous mélangez tout ! », lui disait à l’époque la direction, l’appelant par son pseudonyme militant inspiré par le général de brigade de la Révolution française, et le jugeant en pleine confusion entre le parti, le syndicat, le mouvement.

« Le vrai boss, c’est Manu »

Attrape-tout populiste, il l’était déjà. Mais il a gardé des méthodes du lambertisme. Depuis longtemps, le meneur de la gauche radicale pense qu’un « groupe homogène et bien organisé » peut « prendre le pouvoir et aller à la présidence », rappelle Marie-Noëlle Lienemann, ancienne amie de la Gauche socialiste, le courant de gauche du Parti socialiste (PS) dans les années 1990. Il aime s’entourer de jeunes gens intelligents « dont il peut dire qu’il les a formés », poursuit-elle. « Le parti se renforce en s’épurant » n’est pas tout à fait sa maxime, mais il assume volontiers qu’il y ait de la « tôle froissée » à chaque réorganisation de sa création.

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