« Dans le débat sur la réforme des retraites, démographie et immigration sont deux sujets tabous »

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Démographie et immigration : il n’y a pas moins de deux sujets tabous dans le débat sur la réforme des retraites. Le premier, la démographie, est surtout refoulé par les opposants au principe même d’une réforme. Ils font mine de croire qu’une France vieillissante et à la natalité en berne peut faire comme si de rien n’était. Constater que le rapport entre actifs et retraités est passé de 2 cotisants pour un retraité en 2004 à 1,7 en 2019 et doit chuter à 1,5 en 2040 n’induit pas un jugement de valeur sur la pertinence ou le caractère socialement juste ou non de la réforme voulue par le président de la République.

Hasard du calendrier, la publication du bilan démographique de l’Insee, mardi 17 janvier, en pleine controverse sur les retraites, met en lumière la fragilité de notre précieux système par répartition basé sur la solidarité entre actifs et retraités, autrement dit entre générations. Le niveau historiquement bas du solde naturel (l’excédent des naissances sur les décès), sans précédent depuis 1945, et la croissance accélérée du pourcentage des plus de 65 ans dans la population (21 %) pèsent à l’évidence sur l’avenir du système de pensions.

« Les bébés de 2023 sont les cotisants de 2043 », constate l’Union nationale des associations familiales, qui demande au gouvernement de relancer « la politique familiale », notamment en créant un « service public de la petite enfance ». Mais le rappel des réalités statistiques ne peut se limiter à un argument politique de circonstance. En projetant de fait l’opinion dans les décennies futures, le projet de réforme sur les retraites met clairement en jeu le sort des générations futures.

Des décennies d’occultation

La question des flux d’immigration est le second tabou qui pèse sur les controverses en cours sur les retraites, et surtout sur la démographie elle-même. Le gouvernement, alors qu’il prépare un projet de loi dont l’un des volets prévoit l’instauration d’un titre de séjour « métier en tension » destiné à permettre la régularisation de travailleurs étrangers sans papiers, peine à en assumer la dimension démographique et contributive.

Pour convaincre la droite, qui menace de refuser de voter le texte, l’exécutif s’emploie à en minimiser la portée. « Notre volonté [est] de n’avoir recours à l’immigration économique non communautaire que de manière subsidiaire », insiste Gérald Darmanin dans Le Figaro. Pour attirer la gauche, qui réclame des régularisations mais rejette la partie répressive du projet de loi destinée à faciliter les reconduites à la frontière, le même ministre de l’intérieur confie au Monde : « Nous ne donnons peut-être pas assez de titres de séjour aux gens qui travaillent et qu’un certain patronat utilise comme une armée de réserve, pour parler comme Marx. »

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