Télévision : les ambitions de Xavier Niel bousculent M6

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Xavier Niel au siège du groupe Iliad, à Paris, le 5 juillet 2021.

Ira, ira pas ? En matière d’audiovisuel, le suspense ce lundi 23 janvier devait tourner autour de Xavier Niel : le patron de Free (et actionnaire à titre individuel du Monde) va-t-il tenter de souffler sa fréquence à M6 ? Lundi dernier, l’homme d’affaires a franchi une ultime étape en demandant à l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ex-CSA), l’adresse électronique où lui faire parvenir, conformément à la procédure arrêtée, un dossier de candidature. Qu’il s’abstienne aujourd’hui de s’en servir paraît peu probable.

Pour M. Niel, qui a manifesté deux fois l’année dernière son désir de s’emparer des 48,3 % du capital que RTL Group possède dans le groupe M6, l’occasion est unique. C’est la première fois depuis 1987 et l’autorisation accordée à TF1 et à M6 d’exploiter gratuitement ces propriétés de l’Etat, que les deux chaînes doivent activement solliciter le droit « d’usage de la ressource radioélectrique » nécessaire à « l’édition d’un service de télévision ». Malgré l’essor des autres modes de réception, la TNT constitue encore, pour environ 20 % des foyers français, l’unique mode d’accès à la télévision.

Plusieurs raisons de prendre la Six en chasse plutôt que la Une ont été servies sur un plateau au fondateur d’Iliad par l’actualité de ces derniers mois : non seulement le propriétaire de M6 vient de chercher à s’en débarrasser – d’abord en espérant la fusionner avec TF1 puis en essayant de la vendre –, mais celui qui est censé être le meilleur défenseur des intérêts de la chaîne devant l’Arcom, le président du directoire Nicolas de Tavernost, a tout fait pour que ces opérations aboutissent. Le dirigeant de 72 ans « va avoir du mal à jurer la main sur le cœur qu’il veut s’engager pour les dix prochaines années », persifle l’un de ses concurrents.

« Ce n’est pas très sérieux »

Avec le vice-président du directoire Thomas Valentin, le patriarche de l’audiovisuel français s’est pourtant démené, la semaine dernière, pour renégocier de nouveaux engagements avec les acteurs de la filière audiovisuelle. « Ils s’y sont pris extrêmement tard, ce qui n’est pas très sérieux », critique un producteur.

La signature par TF1, le 12 janvier, d’un « nouvel accord de partenariat » pour trois ans avec les représentants du secteur – une reconduction de ses engagements précédents, pour l’essentiel – a donné le sentiment que la pression s’accentuait sur M6. La Une y renouvelle notamment son engagement à financer la création d’œuvres patrimoniales à hauteur de 12,5 % de son chiffre d’affaires. « Il était important que nous reconduisions notre accord qui porte à 200 millions d’euros par an pendant trois ans les investissements dans la fiction française », se réjouit l’un des bénéficiaires du partenariat. « L’apparition d’un engagement financier dans le documentaire indépendant représente une avancée considérable pour nous », ajoute de son côté Vincent Gisbert, le délégué général du SPECT (Syndicat des producteurs et créateurs d’émissions de télévision).

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