Immigration : le patronat divisé au sujet du titre de séjour métiers en tension

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« Il y a longtemps qu’on attend une politique qui s’empare de la question ! » Pascal Mousset est restaurateur. A la tête de plusieurs brasseries chics parisiennes, il estime qu’« entre un tiers et la moitié de [ses] collaborateurs sont étrangers. Et vous ne trouvez pas de plongeurs français. Ils sont maliens, bangladais, pakistanais… »

Alors, quand le gouvernement a annoncé, en novembre, vouloir faciliter la régularisation des travailleurs sans papiers en créant un titre de séjour métiers en tension, à l’occasion de la loi « immigration » qui sera présentée en conseil des ministres mercredi 1er février, M. Mousset, également président du Groupement national des indépendants hôtellerie-restauration d’Ile-de-France, s’est dit « extrêmement concerné ». Il affirme avoir soupé de l’« hypocrisie totale » sur le sujet et des « procédures administratives kafkaïennes » pour qu’un salarié obtienne un titre de séjour. « On souhaite faire tourner nos boîtes, c’est tout, martèle-t-il. Et sans ces personnes, nos entreprises ne fonctionnent plus, pas plus que nos hôpitaux, nos maisons de retraite ou le bâtiment. »

« C’est parce qu’on avait des remontées de terrain avec des employeurs souhaitant régulariser leurs salariés qu’on a voulu agir de ce côté-là », assure Sacha Houlié, député (Renaissance) de la Vienne et président de la commission des lois. En 2022, près de 11 000 personnes ont été régularisées au titre de leur activité salariale. « Dans notre secteur [où 200 000 à 300 000 emplois seraient vacants], il y a un consensus sur le sujet », appuie M. Mousset. Le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, le chef cuisinier Thierry Marx, est, lui aussi, favorable à une simplification des régularisations : « Régulariser les gens, c’est un moyen de répondre aux difficultés des métiers en tension, c’est un moteur d’inclusion et de régulation. »

Un « débat pollué politiquement »

Directeur général de la Fédération des particuliers employeurs (Fepem), Pierre-Olivier Ruchenstain est l’auteur d’un avis du Conseil économique social et environnemental, en janvier 2022, sur les métiers en tension. Un texte qui, en matière d’immigration, recommande seulement de développer les cours de français ou la reconnaissance des compétences. « On y a été doucement, explique M. Ruchenstain. Les branches professionnelles craignent une polarisation médiatique, car la question migratoire a été deux fois en finale de la présidentielle. » Au titre de la Fepem, il se dit « favorable à la régularisation des salariés ». « Un cinquième de nos salariés sont nés à l’étranger, justifie-t-il. C’est structurel et ça date des années 1960. »

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