Réforme des retraites : tensions entre le Conseil d’orientation des retraites et Matignon

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Jusqu’à présent, le débat sur la situation financière des régimes de pensions était – fort logiquement – focalisé sur les chiffres. Mais il vient de prendre une dimension nouvelle, l’objectivité d’un haut représentant de l’administration étant mise en cause à la suite de déclarations d’Elisabeth Borne. Lors de ses vœux à la presse, en réponse à une question sur le déficit de notre système par répartition, la première ministre a donné le sentiment, lundi 23 janvier, de s’interroger sur l’impartialité d’un des experts chargés d’éclairer l’opinion sur ce dossier : il s’agit de Pierre-Louis Bras, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR). Celui-ci est « peut-être » conduit « à avoir une position assez personnelle sur les travaux » de l’instance qu’il anime, a estimé la cheffe du gouvernement.

Sa remarque est consécutive à une prise de parole de M. Bras, quatre jours plus tôt, au cours d’une audition par les commissions des affaires sociales et des finances de l’Assemblée nationale. Il avait alors indiqué que les dépenses des retraites « ne dérapent pas », tout en signalant que les projections du COR font état de déficits durables, principalement imputables à une évolution peu dynamique des ressources.

Son propos n’est pas passé inaperçu. Plusieurs médias en ont parlé, en mettant en exergue le premier terme du raisonnement – les dépenses sont sous contrôle. Les oppositions se sont emparées de cette idée pour dénoncer, de nouveau, le projet de report de l’âge légal de départ, que l’exécutif justifie en invoquant la nécessité de ramener les comptes dans le vert. Bien évidemment, les contradicteurs du gouvernement se sont, le plus souvent, dispensés de mentionner les explications de M. Bras sur la persistance d’un solde négatif.

« Il a respecté son rôle »

Toute cette effervescence a créé de l’agacement au sommet de l’Etat. Ce qui n’est pas complètement nouveau. Le COR est une institution associant des parlementaires, des responsables syndicaux et patronaux, des personnalités qualifiées et des représentants de l’administration. Chaque année, il rend un rapport, réalisé par un groupe permanent de spécialistes du sujet. La qualité du document est unanimement saluée, mais le fait qu’il livre un large éventail de scénarios – plus ou moins défavorables – sur les perspectives financières nourrit les critiques, notamment dans les milieux patronaux et parmi les très bons connaisseurs de la matière : ceux qui se plaignent trouvent que le COR n’aide pas à se forger un avis clair sur la santé du système, en minorant la question du déficit. Certains vont même jusqu’à suggérer que M. Bras a un parti pris, en rappelant ses états de service : il a été conseiller de ministres de gauche (Claude Evin, Martine Aubry).

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