Climat : Emmanuel Macron veut « doubler le taux d’effort » pour la réduction des émissions de CO2
Deux jours après avoir réuni un conseil de planification écologique à l’Elysée, le président de la République a souligné, samedi 28 janvier, que la France allait devoir « doubler le taux d’effort » en faveur de la réduction des émissions de carbone pour atteindre ses objectifs en 2030. « Aujourd’hui, on n’y est pas. Et si on ne change pas les choses, on n’y arrivera pas », explique le chef de l’Etat dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, évoquant aussi plusieurs mesures sectorielles.
Nos émissions de CO2 baissent. Mais pas assez vite. Pour réussir, il nous faut doubler nos efforts. Ce sera diffici… https://t.co/EUO8VKQEal
— EmmanuelMacron (@Emmanuel Macron)
« Si on veut atteindre notre cible 2030, on doit passer à 270 millions de tonnes de CO2 émises, rappelle Emmanuel Macron, ce qui veut dire qu’il faut, entre maintenant et 2030, baisser de 140 millions de tonnes (…), ce qui veut dire qu’on doit simplement doubler le taux d’effort par rapport à ce qu’on a fait ces cinq dernières années. »
« Ces cinq dernières années, on a été deux fois plus vite qu’avant », plaide le président, critiqué tout au long de son premier mandat pour son action jugée insuffisante contre la crise climatique. Il cite des émissions passées, depuis 2017, de 434 à 410 millions de tonnes de CO2 par an. Le président rappelle ensuite dans son message les chantiers ouverts par grands secteurs, des transports – première source d’émission avec 30 % – aux déchets (3 %) en passant par l’agriculture (19 %), l’industrie (19 %), le bâtiment (18 %) et l’énergie (10 %).
« Mobiliser les bons financements »
Concernant les transports, « la chose la plus efficace », selon lui, est de continuer d’électrifier le parc des véhicules particuliers. Il juge que sa stratégie est la bonne, avec la prime à la conversion et le bonus écologique. Emmanuel Macron dit avoir demandé au gouvernement d’intensifier désormais les efforts pour « produire des véhicules [électriques] sur [leur] sol en totalité ». La première ministre, Elisabeth Borne, est par ailleurs chargée d’annoncer en février des mesures sur les infrastructures de transport public.
Pour l’agriculture, « on doit aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort pour réduire nos émissions », exhorte-t-il, en disant avoir demandé qu’un plan soit finalisé en juin. Celui-ci devra s’articuler avec une future loi en faveur de l’installation des jeunes agriculteurs.
« Je ne vous cache pas qu’il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail. Ce n’est pas une découverte, mais là maintenant on rentre dans le dur, il faut mobiliser les bons financements. Il faudra de l’argent public mais il faut aussi de l’argent privé. »
Emmanuel Macron a organisé jeudi un conseil national de planification à l’Elysée, focalisé sur les enjeux climatiques. Entouré de sa première ministre, Elisabeth Borne, et d’une dizaine de ministres, dont Christophe Béchu (transition écologique), Agnès Pannier-Runacher (transition énergétique), Bruno Le Maire (économie) ou encore Gabriel Attal (comptes publics), le président de la République a tenu à s’afficher comme le chef d’orchestre de la lutte contre le dérèglement climatique.
Ce huis clos avait pour but initial de vérifier que tous les secteurs – énergie, transports, logement, agriculture, industries – s’engageaient bien sur la voie d’une réduction de 50 % des émissions (brutes) de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, qui devra être inscrit dans la prochaine loi Energie-climat, en accord avec l’objectif européen. Ce conseil avait aussi une portée politique pour M. Macron qui devait en parler lui-même dans la vidéo susmentionnée et déjà enregistrée.
Depuis le début de l’année, le président de la République a créé des remous sur cet enjeu crucial. Lors de ses vœux aux Français le 31 décembre, une petite phrase – « Qui aurait pu prédire (…) la crise climatique aux effets spectaculaires ? » – a entraîné de nombreuses réactions au sein d’une communauté scientifique de plus en plus en alerte.