Réforme des retraites : la jeunesse étudiante hésitante sur la mobilisation

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Manifestation intersyndicale contre le projet de réforme des retraites, à Paris, le 19 janvier 2023.

C’est presque un angle mort de l’opposition à la réforme des retraites. La jeunesse, vue par les politiques et les syndicats comme l’élément susceptible de faire basculer la mobilisation et d’infléchir la position du gouvernement, commence tout juste à entrer dans la mobilisation. Et refuse toute instrumentalisation. Mercredi 8 février, place de la Sorbonne à Paris, une centaine d’étudiants faisaient entendre la volonté d’aller plus loin que les dates décidées par l’intersyndicale, en reconduisant la grève. Sur l’air de « Le 7 février on est dans la rue, le 8 on continue ! »

Cette décision de s’affranchir du calendrier des organisations syndicales et des partis politiques est issue d’une AG interfacultés, qui a réuni 300 personnes, lundi, à Paris-VIII. Pourtant, le petit cortège, qui a fait étape à l’ENS-Ulm, puis au lycée Henri-IV, semblait modeste face à l’important dispositif policier déployé dans le Quartier latin. « Dommage qu’il n’y ait pas plus de monde », soufflait, sur place mercredi, une jeune femme à son ami. Déjà, sous le quinquennat de François Hollande, en 2014, la précédente réforme des retraites n’avait pas mobilisé la jeunesse de façon massive.

Néanmoins, mardi – journée de mobilisation nationale –, plusieurs universités étaient bloquées et de nombreux étudiants ont rejoint les cortèges partout en France. L’UNEF évoque 180 000 étudiants mobilisés sur tout le territoire, « un chiffre en forte augmentation par rapport aux journées de grèves précédentes [les 19 et 31 janvier] et surtout dans des villes, comme Metz, Poitiers ou Rouen, qui ne se mobilisaient pas autant d’habitude ».

Eléonore Schmitt, porte-parole du syndicat étudiant L’Alternative évoque, elle, quinze universités bloquées, notamment à Rennes, Brest (Finistère), Toulouse, Besançon, Montpellier… L’UNEF parle plutôt « d’actions dans plusieurs facultés sans forcément aller jusqu’au blocage ». D’ici au rendez-vous de samedi, auquel ces étudiants promettent de participer, plusieurs assemblées générales sont prévues, notamment dans les universités de Bordeaux, Nanterre, Pau, Tours ou encore Paris-Saclay.

« Vecteur de démobilisation »

« Il était grand temps que la jeunesse entre en grève », scande Lorélia Fréjo, militante du collectif marxiste et révolutionnaire Le Poing levé, étudiante en master de sociologie à Paris-I, depuis la place de la Sorbonne. Si 300 jeunes occupaient Tolbiac mardi, explique-t-elle, c’est aussi parce que « nous avons répondu à l’appel des étudiants rennais ». « Rennes-II la rouge », bastion des contestations étudiantes, a été la première, lundi, à voter le blocage, sortir les barricades et les « Vive la commune ! » Le tout dans la foulée d’un discours du député La France insoumise (LFI), Louis Boyard, le 7 février, invité par le syndicat étudiant local, Union pirate, dont l’élu de 22 ans est proche.

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