Zelensky à Bruxelles : « Nous avons besoin de renforcer les sanctions »
« J’ai entendu qu’on était disposé à nous fournir le soutien et les armes nécessaires, y compris les avions », déclare le président Volodymyr Zelensky à l’issue d’une réunion à huis clos avec les 27 dirigeants de l’UE. Les discussions se sont poursuivies jeudi après-midi par petits groupes de pays. Quatre groupes ont été formés afin de recevoir les doléances militaires du président ukrainien. Les dirigeants de l’Espagne, l’Italie, la Pologne, la Roumanie, les Pays-Bas et de la Suède ont ainsi été réunis. La composition mélange toutes les sensibilités politiques entre l’Espagnol Pedro Sanchez, le socialiste, le Néerlandais Mark Rutte, l’Italienne Giorgia Meloni et le Polonais Mateusz Morawiecki, tous deux membres de la famille des conservateurs ECR.
La question de la livraison des avions de combat s’est également posée la veille, lors du dîner à l’Élysée, entre Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Volodymyr Zelensky. Pour la France, les conditions demeurent inchangées : il n’y a pas à Paris d’opposition de principe, mais des nécessités opérationnelles à respecter. Envoyer des avions de combat n’a pas de sens si la livraison n’obéit pas à un plan militaire stratégique, si elle n’est pas accompagnée d’une logistique qui suppose des équipements adaptés (les missiles), des capacités de maintenance, des techniciens, du combustible, etc.
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C’est tout un système d’armement coûteux qui ne doit pas non plus manquer à la France pour sa propre défense. Emmanuel Macron insiste sur le fait que les armes livrées à l’Ukraine ne doivent pas entraîner sur le chemin d’une escalade qui impliquerait le déclenchement d’une troisième guerre mondiale. Le calibrage de l’aide militaire à l’Ukraine se fait donc au cas par cas avec un but strictement délimité : la reconquête du territoire légitime de l’Ukraine, dans les frontières internationalement reconnues. Mais pas un centimètre au-delà…
« Nous avons besoin de renforcer les sanctions », a également affirmé le président ukrainien. À ce titre, la Commission européenne prépare depuis plusieurs semaines un 10e paquet de sanctions qui sera détaillé à l’issue du Conseil européen en cours, ce week-end. Ursula von der Leyen en a dit un mot en précisant que le paquet touchera des exportations russes « pour un montant d’environ 10 milliards d’euros afin de couper les vivres à la machine militaire de la Russie et continuera à saper les fondements de l’économie de ce pays ». « Nous allons sanctionner un certain nombre de dirigeants politiques et militaires […]. Nous allons cibler les propagandistes de Poutine parce que leurs mensonges empoisonnent la sphère publique en Russie, en Europe, et ailleurs, » a-t-elle ajouté, précisant qu’il s’agissait d’une demande de Volodymyr Zelensky exprimée à Kiev, la semaine dernière lors du sommet UE-Ukraine.
« Nous avons tracé les composants du matériel militaire », précise l’entourage de la présidente von der Leyen. Et nous allongeons la liste des biens sanctionnés en conséquence. Le dixième paquet tentera aussi d’empêcher le contournement des sanctions en s’attaquant à un certain nombre d’entités se trouvant en Turquie ou en Géorgie, par exemple. Des banques seront également frappées par le 10e paquet de sanctions.
Zelensky se réclame du « mode de vie européen »
Le dirigeant ukrainien a été accueilli, au début de la matinée, par une standing ovation au Parlement européen. Il y a prononcé un discours sur le mode de vie européen – à ses yeux plus enviables que le monde de Poutine – « où les individus et le droit prévalent, où les États et les sociétés essaient de s’entraider et comprennent leurs différentes valeurs […], où les frontières ne sont pas violées. […] Pour nous, en Ukraine, c’est notre maison. C’est le chemin que nous voulons défendre. Ce chemin vers notre maison ». Cet éloge du « mode de vie européen » a rappelé des souvenirs à certains au PPE (les chrétiens-démocrates) quand Ursula von der Leyen avait provoqué l’indignation de la gauche en nommant, au début de son mandat, un commissaire à « la défense du mode de vie européen » (en l’occurrence, le Grec Margaritis Schinas).
« La véritable menace, reprend-il plus tard, c’est de voir un dictateur qui possède des réserves énormes d’armement de l’ère soviétique, qui se voit fournir des armes de régimes dictatoriaux comme l’Iran pour pouvoir poursuivre sa guerre. De façon cynique, année après année, le Kremlin a essayé de détruire, d’annihiler ce que nous considérons comme une valeur essentielle, le respect de la vie humaine. En Russie, la vie humaine ne compte pas. Personne n’a de valeur à part celles et ceux qui sont au Kremlin et ont leur portefeuille comme valeur. Cent quarante millions de citoyens russes ne sont que de la chair à canon. Des gens qui sont simplement appelés à porter une arme. Des soldats obéissants. C’est la suprématie de l’obéissance, de la violence. Voilà la règle que veut imposer le Kremlin. Ce n’est pas le droit. »
Lors de ce discours au Parlement européen, les députés français ont noté l’absence des eurodéputés RN à l’exception de Jordan Bardella. Manon Aubry, pour La France insoumise, était également absente. Lors de la photo de famille des dirigeants européens, au Conseil, tous ont applaudi Zelensky, sauf Viktor Orban.
Source: lepoint.fr