A Courchevel, des locaux s’élèvent contre les excès de l’immobilier de luxe

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A Courchevel (Savoie), en février 2021.

Au commencement, la route n’existait même pas. La station de Courchevel (Savoie) est née dans les alpages. « En 1946, l’idéal, à l’origine, était de créer une station de ski familiale et populaire, pour tous », raconte Agnès Pradelle-Condomine, fille de l’architecte Denys Pradelle, l’un des pionniers de la station. Il s’agissait de permettre à tous « d’être dehors le plus longtemps possible », « de voir le soleil de chez soi sans être gêné par un chalet voisin » et « de partir skis aux pieds depuis chez soi », résume l’architecte Jean-François Lyon-Caen.

Près de quatre-vingts ans plus tard, dans cette commune de 2 400 habitants recevant 1,5 million de skieurs par saison environ − et qui accueille les championnats du monde de ski alpin jusqu’au 19 février −, quarante hôtels étoilés sont en activité (avec vingt-trois cinq-étoiles, dont cinq palaces, et dix quatre-étoiles).

Et, d’une rue à l’autre, les permis de construire fleurissent encore aujourd’hui. Ici, avec une surface de plancher autorisée de 6 868 mètres carrés sur un terrain de 2 804 mètres carrés, là avec une autre superficie plancher créée de 3 012 mètres carrés pour un terrain de 2 436 mètres carrés. En plus des niveaux supérieurs, creuser des niveaux de vie luxueuse sous terre est ainsi devenu à la mode, à rebours du projet originel.

« Les affaires d’urbanisme, c’est presque quotidien »

La situation interroge les héritiers des fondateurs de la station, comme d’autres résidents, et les procédures, notamment en contestation de permis de construire, sont nombreuses. « Les affaires d’urbanisme, c’est presque quotidien à Courchevel », reconnaît une source judiciaire.

Des habitants, aux revenus confortables, mais inférieurs à ceux des hommes d’affaires qui s’installent dans la station, se mobilisent dans un combat « du pot de fer contre le pot de terre », alors que certains risquent de voir leurs chalets cachés dans l’ombre de nouvelles constructions. Une association locale a lancé des procédures en justice pour contester certains agissements, une autre pourrait être créée dans un quartier en opposition à un projet de nouvel hôtel de 150 lits.

Une pétition a aussi été lancée pour préserver l’accès direct des riverains à une piste de ski, prévu dès les origines de la station. La mairie a assuré, dans un courrier, à certains d’entre eux « l’accès pérenne à celui-ci », mais son acte de vente prévoit, a contrario, la possibilité d’une fermeture.

Dans un lotissement de mazots (des petites bâtisses habitables en bois savoyardes), préservé par différentes réglementations, des investisseurs ont tenté de relier deux d’entre eux par le sous-sol, afin d’en faire un ensemble plus imposant. « On pensait les mazots préservés de cette spéculation locale, mais non », regrette Dominique Claudius-Petit, habitant du cru.

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