Réforme des retraites : Laurent Berger fustige un « spectacle indigne et honteux » à l’Assemblée nationale

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Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, à Albi lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, le jeudi 16 février 2023.

Un « spectacle indigne », « honteux ». C’est avec ces mots que Laurent Bergé a qualifié lundi 20 février les récents esclandres à l’Assemblée nationale pendant les débats sur la réforme des retraites.

Le numéro un de la CFDT a une nouvelle fois dénoncé le comportement de certains députés dans l’hémicycle, où la France insoumise a maintenu des milliers d’amendements, empêchant notamment l’examen de l’article 7 sur le report de l’âge légal à 64 ans. « Il y a des millions de citoyens, de travailleurs, qui manifestent plusieurs jours durant contre le report de l’âge à 64 ans. Et la représentation nationale ne débat pas de ce sujet-là », a-t-il regretté sur Europe 1.

Plus tôt au cours de ce mois, M. Berger avait déjà remis en question la stratégie d’obstruction adoptée par l’opposition et les incidents survenus lors des débats autour du projet de loi. « Ce qui s’exprime dans les mobilisations, c’est la dignité du monde du travail (…). Il faut que le gouvernement entende cette mobilisation profonde », a déclaré le secrétaire général de la CFDT.

La veille, son homologue de la CGT dressait un constat similaire, reprochant à LFI de « ne pas favoriser la clarté » par ses milliers d’amendements. Tout en soulignant la responsabilité du gouvernement « qui a choisi une procédure accélérée », Philippe Martinez a regretté le fait que les députés ne soient pas allés à l’article 7, « pour que chacun puisse afficher sa position. » « Il fallait mettre les députés, chaque député, devant ses responsabilités », a-t-il poursuivi.

Selon Laurent Berger, la prochaine journée de mobilisation contre la réforme, le 7 mars, ne sera « pas la prolongation du bordel qui s’est passé à l’Assemblée dans les rues », mais « la poursuite du mouvement syndical, orchestré et maîtrisé par les organisations syndicales ». « On appelle à mettre le pays à l’arrêt, ce qui est différent d’un blocage. Le 7 mars il faut une mobilisation digne et respectueuse, mais qui monte d’un cran », a poursuivi le leader de la CFDT.

Divisions au sein de la gauche

Au sein de la Nupes, des divergences se font ressentir quant à la stratégie à adopter face au projet de loi controversé. La députée écologiste Sandrine Rousseau a appelé lundi à une alliance de gauche « plus claire et démocratique ». « Au sein de l’Assemblée, il faudra voir la manière dont nous fonctionnons », a affirmé la députée sur Public Sénat, après avoir reconnu qu’elle n’avait « pas partagé la stratégie » de LFI, qui n’a pas levé ses amendements comme le demandaient les syndicats, afin de permettre de débattre à l’Assemblée du fameux article 7.

Elle a plaidé pour « faire en sorte qu’il y ait une coordination qui prenne des décisions avec quelque chose qui soit beaucoup plus clair et démocratique ». « Je pense qu’il y a une différence entre LFI et la Nupes », a expliqué Mme Rousseau, qui a réitéré son appel au passage à un « acte II de la Nupes » lorsque le débat sur les retraites sera terminé. Elle a aussi qualifié d’« erreur » le tweet de Jean-Luc Mélenchon, qui tançait les alliés communistes, appelant les députés à ne pas se « précipiter » vers l’article-clé de la réforme.

La stratégie des « insoumis » a également déplu au sénateur PS David Assouline, qui a qualifié le débat de « chaotique ». « Beaucoup de choses (…) laissent des traces », a-t-il affirmé sur Franceinfo. C’est pour cela que « le PS doit absolument tout faire pour reprendre une place centrale dans cette union de la gauche », a-t-il ajouté, estimant qu’on « ne peut pas être unis derrière Jean-Luc Mélenchon, qui entraîne la gauche dans une impasse totale ».

Sur France 2, le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, a justifié la stratégie de son parti, malgré les critiques émanant de ses partenaires et des syndicats. « Je respecte le point de vue de M. Martinez, mais je ne le partage pas », a expliqué le député. « En mettant en place cette stratégie, nous avons aidé la mobilisation sociale », a-t-il déclaré. « Aujourd’hui je suis fier de dire que grâce au groupe LFI (…) le report de l’âge de retraite à 64 ans n’a pas été adopté », a assuré M. Bompard.

Le Monde avec AFP