Ukraine : un an de guerre en 10 événements marquants

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie marquera à jamais le retour brutal de la guerre interétatique de haute intensité en Europe. Le conflit, commencé en 2014, lorsque Moscou s’est emparé de la Crimée tout en soutenant le séparatisme du Donbass après la révolution proeuropéenne de Maïdan, à Kiev, s’intensifie huit ans plus tard. Le 22 février 2022, Vladimir Poutine reconnaît l’indépendance des deux républiques séparatistes de Donetsk et Louhansk alors que ses troupes se massent par centaines de milliers autour de la frontière ukrainienne depuis plusieurs mois, officiellement pour des exercices.

À ce stade, les services de renseignements américains avertissent d’un très haut risque de déclenchement d’une invasion, risque surestimé selon Kiev et d’autres services occidentaux. Pourtant, l’invasion est lancée deux jours plus tard, à la surprise même de beaucoup de soldats russes qui pensaient eux aussi participer à des exercices.

• 24 février 2022 : lancement de l’invasion de l’Ukraine

À 5 h 30 heure locale, Vladimir Poutine s’adresse à la nation russe depuis le Kremlin et annonce le début d’une « opération militaire spéciale » contre Kiev, expliquant vouloir « dénazifier » le pays. Alors que son allocution est diffusée à la télévision, les missiles pleuvent déjà sur toutes les bases et positions de l’armée ukrainienne. Dans la foulée, les premiers chars russes passent la frontière et ouvrent trois fronts, dont un menace directement la capitale de l’Ukraine, Kiev. Les condamnations internationales sont immédiates et presque unanimes. Le 2 mars, à l’ONU, 5 pays sur 193 votent contre la résolution condamnant la violation de l’intégrité territoriale ukrainienne : la Russie et la Biélorussie, la Corée du Nord, l’Érythrée et la Syrie. Parmi les 30 pays s’étant abstenus, la Chine. Les Européens et les Américains, de leur côté, commencent déjà à organiser le soutien à Kiev.

Au milieu des informations contradictoires dans la confusion du premier jour de l’invasion, il semble que la Russie ait envoyé des forces spéciales et des mercenaires à Kiev pour trouver le président Volodymyr Zelensky et décapiter l’État ukrainien, sans succès. L’aéroport d’Hostomel, proche de Kiev et nécessaire pour poser de gros avions transportant de larges quantités de troupes et de matériel, est aussi particulièrement visé. Sa prise est toutefois plus longue que prévu et les combats acharnés le rendent finalement inutilisable, ce qui porte un coup dur aux projets russes de prendre rapidement la capitale.

• 9 mars 2022 : bombardement de la maternité de Marioupol

Dans Marioupol assiégée par les Russes, les médecins ukrainiens continuent de faire fonctionner comme ils peuvent la maternité, déjà touchée plusieurs fois par des bombardements. Ce jour-là, quatre personnes sont tuées et une femme qui accouchait perd son enfant dans la frappe, avant de succomber à son tour. Deux semaines plus tard, la même ville verra son théâtre détruit par une explosion alors qu’il abritait un millier de civils. Quatre cents à six cents personnes perdirent la vie dans un crime que la Russie a tenté de maquiller une fois la ville reprise.

Le 8 avril, c’est au tour de la gare de Kramatorsk, dernière grande ville de la région de Donetsk sous contrôle ukrainien, d’être frappée alors que des milliers d’Ukrainiens y sont massés pour fuir les combats. Cinquante-sept ont perdu la vie dans ce bombardement que Moscou nie et attribue, comme les autres, à l’armée ukrainienne.

• 1er avril 2022 : découverte de l’enfer de Boutcha

Après un mois de contre-offensive pour desserrer l’étau autour de Kiev, les Ukrainiens repoussent les Russes jusqu’à la frontière de la Biélorussie et découvrent l’horreur. Pendant un mois d’occupation russe, les habitants de ce village et d’autres localités sur la route de Kiev ont été torturés, violés, massacrés. Hommes, femmes et enfants constituent en tout plus de 1 200 victimes de crimes de guerre dans cette région, dont 458 dans la seule ville martyre de Boutcha. À ce stade de la guerre, les Russes se sont retirés partout du nord de l’Ukraine jusqu’à la région de Kharkiv, encore menacée.

À LIRE AUSSIGuerre en Ukraine : Vlad, le « ramasseur de morts » de BoutchaQuelques jours avant et face à l’échec inavoué devant Kiev, la Russie affirmait que ses forces se concentreraient désormais sur la prise du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, qui aurait toujours été son « unique objectif », selon les officiels russes.

• 14 avril 2022 : le Moskva sombre

Le croiseur Moskva, navire amiral de la flotte russe de la mer Noire, est touché par deux missiles ukrainiens en pleine mer et sombre. Le bâtiment s’était fait connaître quelques semaines plus tôt par son interaction avec les soldats ukrainiens de l’île du Serpent : lorsque le Moskva leur proposa de se rendre par radio, les défenseurs répondirent par un « Navire russe, allez vous faire foutre ! » qui devint immédiatement légendaire. La perte de ce bâtiment de 12 000 tonnes représenterait à la fois la plus grosse perte russe (en termes économiques) du conflit et le navire le plus important perdu au combat dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale. Moscou affirme que le Moskva a subi un incendie qui a touché un dépôt de munitions.

• 20 mai 2022 : l’usine Azovstal tombe

Dernier centre de résistance de la ville de Marioupol, l’usine métallurgique Azovstal accueillait encore plus de 2 500 soldats ukrainiens et des civils au début de la phase finale du siège de la ville, à la mi-avril. Après un mois de combats acharnés, à bout de vivres et de munitions, les soldats restants se rendent et sont faits prisonniers des Russes. Avec la chute de cette poche, les Russes peuvent alors joindre leurs conquêtes du sud de l’Ukraine et celles du Donbass et contrôlent une large bande de Kherson à Louhansk et tout le pourtour de la mer d’Azov.

• 6 septembre 2022 : reprise d’Izioum

La première contre-offensive ukrainienne du conflit permet à Kiev de récupérer en quelques semaines plusieurs milliers de kilomètres carrés de son territoire dans l’Est. Dans cette région, l’offensive est finalement ralentie après la prise de la ville stratégique d’Izioum et pose les contours de la ligne de front telle qu’elle sera pour l’hiver, à l’entrée du Donbass. Dans le Sud, l’effort patine en direction de Kherson, à l’entrée du delta du Dniepr.

• 8 septembre 2022 : le pont de Crimée touché

Au lendemain de l’anniversaire de Vladimir Poutine, une partie du pont reliant la péninsule de Crimée à la Russie par le détroit de Kertch s’effondre à la suite d’une explosion. Si les Ukrainiens menaçaient de détruire cet ouvrage symbolique depuis sa construction, en 2014, après le rattachement illégal de la Crimée à la Russie, Kiev a nié être à l’origine de ce que Moscou a désigné comme un acte terroriste. Quatre personnes ont perdu la vie dans l’explosion. Après des travaux faits à la hâte, le pont fut rouvert aux poids lourds en décembre.

• 11 novembre 2022 : les Russes abandonnent Kherson

Une offensive décisive commencée deux semaines plus tôt permet aux Ukrainiens de reprendre la dernière ville encore contrôlée par les Russes sur la rive droite du Dniepr, Kherson. L’artillerie ukrainienne a ciblé et détruit tous les ponts sur le fleuve, encerclant des milliers de soldats russes dans la ville sans ravitaillement. Moscou finit par abandonner la ville le 11 novembre, après avoir évacué ce qu’elle pouvait de troupes et de matériel avec des barges sur le fleuve.

• 26 décembre 2022 : la base d’Engels bombardée

À presque 600 kilomètres de la ligne de front, au cœur du territoire russe, la base aérienne d’Engels a subi plusieurs explosions dont Moscou et les analystes ont attribué la responsabilité à l’Ukraine. Kiev nie avoir frappé cette base, qui accueille notamment des bombardiers stratégiques russes utilisés pour attaquer le territoire ukrainien. Une telle attaque a probablement été menée à l’aide d’anciens drones soviétiques sortis des musées et remis en état par l’armée ukrainienne.

À LIRE AUSSIParadoxe ukrainien : victoire sur le papier, défaite sur le terrain ? Outre l’ingéniosité des techniciens ukrainiens, elle a surtout démontré l’importance des armes de longue portée dans ce conflit, armes que les partenaires de Kiev rechignent à lui fournir malgré ses nombreuses demandes.

• 1er janvier 2023 : frappes sur Makiivka

Dans la nuit du Nouvel An, les quartiers militaires de Makiivka, en territoire Ukrainien occupé, subissent une frappe de missiles lancés depuis des Himars américains acquis par Kiev. L’attaque aurait fait entre 89 morts, selon les autorités russes, et 400, selon les sources ukrainiennes. Les bâtiments ciblés auraient été repérés grâce aux dizaines de téléphones activés par les mobilisés russes qui y stationnaient.

La plus importante perte humaine russe en une seule attaque depuis le début de la guerre, ce coup d’éclat a mené Moscou à reconnaître que les règles de sécurité n’étaient pas respectées par tous ses hommes. L’efficacité du matériel fourni par Washington fut une fois de plus confirmée.

Source: lepoint.fr