Tournoi des Six Nations : Philippe Sella replonge dans la mêlée

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Treize, c’est le nombre d’années consécutives pendant lesquelles Philippe Sella a participé au tournoi des Cinq Nations. Le record pour un joueur français ! Au fil de ces tournois, l’équipe qui le met à rude épreuve (lui et Serge Blanco, Patrice Lagisquet, Daniel Dubroca et les autres…), c’est celle des Écossais : « Même si j’ai des amis dans le rugby écossais, c’est l’équipe qui nous a le plus donné de fil à retordre dans les années 1980. » Ce dimanche à 16 heures, la France affronte justement l’Écosse dans le tournoi des Six Nations 2023…

L’enjeu est de taille. Les joueurs du Quinze de France, qui ont remporté le grand chelem l’an dernier, doivent aujourd’hui redorer leur blason, après la défaite en Irlande du 11 février dernier. En attendant le résultat, Le Point vous propose un voyage dans le temps avec l’ancien joueur d’Agen (SUA), à une époque où le Tournoi ne comptait encore que cinq nations.

Le Point : En 2022, le tournoi des Six Nations a rassemblé plus de 34,2 millions de téléspectateurs. Quand vous étiez gamin, vous y étiez accro ?

Philippe Sella : Oui, parce que dans ces années [les années 1970, NDLR], c’était un vrai rendez-vous. D’abord parce qu’il y avait très peu de matchs de rugby télévisés. Aujourd’hui, on a le loisir de regarder les rencontres de Pro D2, de Top 14 et internationaux bien évidemment, mais à ce moment-là, il n’y avait que quelques phases finales à la télé. Et dans la saison, que quelques matchs occasionnellement. Donc, oui, on était scotchés devant la télé pour les Cinq Nations. En famille, le samedi à 15 heures ! C’était vraiment le moment où on se rassemblait pour regarder les matchs. Dans l’adolescence, je travaillais avec mes parents en dehors de l’école, mais les jours de tournoi personne ne travaillait à la maison ! [Il rit.]

Tu te considères vraiment international à partir du moment où tu fais un match du Tournoi.

Pourquoi est-ce une compétition particulière dans le monde du rugby ?

C’est sa dimension historique qui lui confère une valeur ajoutée dans l’Europe de l’Ouest. Il est si vieux qu’on a l’impression que c’est une compétition qui a toujours existé [il a été créé en 1910, NDLR], sauf lors des guerres. Très certainement aussi parce que les équipes qui participent à ce tournoi représentent les premières nations à avoir joué au rugby. Le cœur du rugby est là.

En dépit de vos participations à la Coupe du monde, si vous n’aviez jamais participé au Tournoi, ça vous aurait manqué ?

Ah oui ! La Coupe du monde, c’est une compétition jeune, qui n’a commencé qu’en 1998. Mais tu te considères vraiment international à partir du moment où tu fais un match du Tournoi. Donc bien sûr que toute sélection compte pour une cape, mais on regarde aussi combien tu as fait de matchs du Tournoi ! Moi il me semble que j’ai fait 50 matchs du Tournoi, sur 111 sélections…

Vous détenez le record de participation d’affilée dans cette compétition chez les internationaux français. Est-ce une fierté ?

[Surpris.] Je ne le savais pas ! Écoutez… pour un numéro 13, avoir fait 13 tournois, c’est pas mal ! [Il rit.] On n’est jamais sûr de savoir jusqu’où on peut aller, il peut y avoir une blessure, un arrêt, donc oui, c’est une fierté !

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Quel est votre plus beau souvenir du Tournoi ?

En 1987, on gagne le grand chelem, on fait un dernier match à Dublin. Éric Champ marque deux essais. Le grand chelem, c’est… [Il s’interrompt comme s’il n’était pas nécessaire d’en dire davantage.] Certains joueurs en ont gagné deux, même trois, moi, j’en ai gagné un et j’en suis très heureux ! Sur les 13 tournois, il y a eu 6 victoires dont un grand chelem, donc c’est pas mal. Le grand chelem, c’est le sans-faute, donc il est assez exceptionnel. Quand on regarde le nombre de tournois qu’il y a depuis le début du siècle dernier, le nombre de grand chelem par pays il n’y en a pas beaucoup…. Mais ce qui rend heureux, c’est aussi d’avoir une équipe qui existe sur le Tournoi et qui apporte du bonheur aux gens. Si tu es généreux, tu as plus de chances de gagner.

Quel est le pire ?

Moi… Dans les mauvais souvenirs… Je retiens les Écossais ! Même si j’ai des amis dans le rugby écossais, ce sont eux qui nous ont empêchés d’obtenir le grand chelem en 1984 [il rit]. Cette année-là, on arrive à la finale, on a gagné tous nos matchs, et eux aussi, donc c’est la finale des champions. Si on ne finit pas vainqueur avec le grand chelem, ce sont eux qui font le grand chelem. Et ils l’ont eu ! Mais ils avaient de la force, ils avaient une superbe troisième ligne. Ils jouent un rugby très très engagé : ils n’ont peur de rien sur le terrain. C’est l’équipe qui nous a donné le plus de fil à retordre dans les années 80. Dans les années 90 ça a été l’Angleterre.

Au-delà des équipes, quelle était la difficulté principale du tournoi des Cinq Nations ?

Le premier match était très difficile. Car on avait très peu d’entraînements en amont de la compétition. Donc, sur la première rencontre, il fallait vite trouver de la cohésion. Aujourd’hui, les joueurs font des stages avant et ils ont des semaines complètes d’entraînement. La préparation est plus longue.

Si vous deviez définir le Tournoi en trois mots, lesquels choisiriez-vous ?

Magie, jeu et festivités. C’est vraiment la fête du rugby !

Source: lepoint.fr