Rencontre entre Charles III et Ursula von der Leyen : le thé de la discorde

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En accueillant lundi la présidente de la Commission européenne, le roi du Royaume-Uni a provoqué une intense polémique et a été accusé d’ingérence.






De notre correspondant à Londres,


L'accueil en grande pompe d'Ursula von der Leyen au chateau de Windsor par le roi Charles III suscite une vive polemique au Royaume-Uni.
L’accueil en grande pompe d’Ursula von der Leyen au château de Windsor par le roi Charles III suscite une vive polémique au Royaume-Uni.
© AARON CHOWN / POOL / AFP

Temps de lecture : 3 min

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Marchandages, coup de com, bluff diplomatique. La rencontre, lundi 27 février, au château de Windsor entre le roi Charles III et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a provoqué une vive polémique autour de l’ingérence de la monarchie dans les affaires internationales.

Le cliché a fait le tour du monde. Le souverain serrant la main de la cheffe de l’Union européenne au château de Windsor avant de prendre le thé traditionnel, avec scones et sandwichs au concombre à la clé. Cette photo devait mettre en exergue l’annonce auparavant du nouvel accord sur le protocole nord-irlandais du Brexit négocié dans un palace de la petite ville du Berkshire par le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, et Ursula von der Leyen.

Fureur des brexiteurs, à commencer par les premiers d’entre eux, les unionistes protestants appelés à approuver un document auquel ils sont foncièrement hostiles en raison du maintien d’un rôle pour la justice européenne en cas de différend dans les affaires des six comtés.

Tout le monde se renvoie la balle

Devant la levée de boucliers, chacun s’est renvoyé la balle dans une vaste partie de poker menteur. Buckingham Palace a fait savoir que la rencontre avait été organisée à la demande de Rishi Sunak. Pour sa part, Downing Street montre du doigt Bruxelles et la volonté de la présidente de la Commission de rencontrer le nouveau souverain monté sur le trône, le 9 septembre 2022. Quant à l’UE, elle affirme que l’initiative est venue de Londres, qui a proposé cette audience pour donner un plus grand relief à cette avancée historique qui apaise les relations tourmentées entre les deux parties depuis le Brexit. Une chose est claire : au-delà de la controverse, Charles III était très désireux de s’entretenir avec Ursula von der Leyen.

Tout d’abord, le chef de l’État est garant de l’unité du royaume que menace une possible réunification de l’Irlande. Depuis la fin de l’hégémonie démographique protestante, la province britannique est désormais à majorité catholique. La nomination inévitable en cas de rétablissement de l’assemblée locale – aujourd’hui en veilleuse – d’un Premier ministre régional issu du Sinn Féin, la branche politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) favorable à l’ancrage à la République du Sud, l’atteste. L’allègement des contrôles douaniers tout comme la fin de l’administration directe par Londres instaurée il y a un an ne peuvent qu’apaiser les tensions communautaires.

Par ailleurs, la famille royale britannique a manifesté haut et fort ses penchants ukrainiens. Une prise de position royale qui tranche avec les traditions de neutralité de la couronne. L’invasion russe a cimenté un partenariat entre le Royaume-Uni et l’UE à propos des sanctions et des livraisons d’armes à Kiev que le monarque entend soutenir publiquement.

Les convictions proeuropéennes de Charles III

Enfin, les convictions proeuropéennes du roi sont anciennes. Elles sont fondées sur l’expérience de ses parents de la Seconde Guerre mondiale, sur sa prise de conscience, en raison peut-être des origines allemandes de la lignée, de l’indispensable réconciliation avec l’Allemagne. Mais à cause des clivages et des fractures à l’intérieur de toutes les familles politiques sur le Brexit, il a toujours mis en sourdine cet idéal.

Lors de la rencontre de lundi après-midi, le roi a respecté ses prérogatives à la lettre. Sa diplomatie consiste seulement à mettre de l’huile dans les relations internationales. Et le gouvernement britannique n’hésite pas à l’utiliser lorsqu’il rencontre des difficultés. Il ne s’en plaint pas. C’est son job.

Source: lepoint.fr