Emmanuel Macron rend hommage à Gisèle Halimi et annonce vouloir inscrire l’IVG dans la Constitution

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Emmanuel Macron, président de la république, participe à un hommage national à Gisèle Halimi au Palais de Justice à Paris, mercredi 8 mars 2023.

C’est dans la Première chambre de la Cour d’appel de Paris, où les avocats prêtent traditionnellement serment, qu’Emmanuel Macron a rendu un hommage national à Gisèle Halimi, mercredi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Dans la lignée des combats pour le droit à l’avortement portés par la célèbre avocate féministe, morte en juillet 2020 à l’âge de 93 ans, le président de la République a annoncé la présentation « dans les mois prochains » d’un « projet de loi » visant à inscrire l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution.

Emmanuel Macron a ainsi ouvert la voie à une « constitutionnalisation » de l’avortement, une demande formulée de longue date par les associations féministes. Ces dernières semaines, une autre procédure parlementaire était en cours sur le sujet : le Sénat, à majorité de droite, avait adopté, le 1er février, une proposition de loi constitutionnelle qui consacrait le recours à l’IVG comme une composante de la « liberté de la femme ». Le 24 novembre dernier, l’Assemblée nationale avait également adopté ce texte en première lecture, mais avec une formule différente. Elle optait pour un « droit à l’IVG », soit une obligation positive pour l’Etat de le garantir. Si les deux chambres parvenaient à se mettre d’accord en seconde lecture, le texte aurait dû, selon l’article 89 de la Constitution, être soumis à un référendum.

Le fait qu’Emmanuel Macron choisisse de déposer un projet de loi constitutionnel permet d’éviter un référendum, une procédure délicate politiquement, car le droit à l’avortement fait relativement consensus à ce jour. Si un vote du texte en des termes identiques par les deux chambres est bien requis, le président de la République peut ensuite décider de le soumettre au Congrès – la réunion de l’Assemblée et du Sénat -, le texte devant ensuite obtenir une majorité des trois cinquièmes pour être adopté.

Le projet de « panthéonisation » de Gisèle Halimi « en cours »

Durant l’hommage à Gisèle Halimi, Emmanuel Macron a souligné l’engagement constant de l’avocate pour les droits des femmes. Il a également fait état de ses combats contre la colonisation. « Elle a porté la cause de l’indépendance algérienne. Elle fut la procureure de ce que les autorités françaises de l’époque faisaient de la manière dont elles le faisaient », a relevé le chef de l’Etat, en présence de son prédécesseur François Hollande, des plus hautes autorités judiciaires du pays et de ministres ou anciens ministres, en rappelant le combat de Gisèle Halimi contre la torture en Algérie.

« Si aujourd’hui la guerre d’Algérie a quitté les prétoires, elle doit maintenant prendre toute sa place dans notre mémoire ici en France et aussi en Algérie », a poursuivi le président de la République, sans se prononcer sur une éventuelle entrée au Panthéon de la militante. Cette entrée dans le temple des figures de la République, de Jean Moulin à Simone Veil, a été préconisée par l’historien Benjamin Stora parmi les pistes susceptibles de sceller la réconciliation des mémoires entre la France et l’Algérie et à l’intérieur de la société française mais elle est vue d’un très mauvais œil à droite et l’extrême droite de l’échiquier politique. L’étude du dossier est toujours « en cours », a toutefois assuré l’Elysée face aux inquiétudes de voir l’hommage national enterrer le projet de « panthéonisation » de Gisèle Halimi.

Avant Emmanuel Macron, son fils aîné, Jean-Yves Halimi, a aussi rendu un vibrant hommage à sa mère, saluant son « entrée dans l’histoire ». « Tu rejoins au Panthéon de notre récit national les deux Simone, de Beauvoir et Veil, tes sœurs de lutte et tes amies personnelles », a-t-il déclaré.

Un autre de ses fils, le journaliste Serge Halimi, militant de gauche et ancien directeur du Monde diplomatique, a pour sa part boycotté l’hommage, déplorant qu’il intervienne en pleine mobilisation contre une réforme des retraites « extrêmement injuste », que sa mère aurait selon lui combattue. Même boycott pour Violaine Lucas, présidente de l’association « Choisir la cause des femmes » cofondée par Gisèle Halimi en 1971, qui a dénoncé une « instrumentalisation politique ». Partout en France, des manifestants ont défilé pour défendre les droits des femmes à l’occasion du 8 mars. Une journée placée sous le signe de la lutte contre la réforme des retraites et les inégalités salariales.

Le Monde avec AFP