Après le 49.3, le RN tend la main aux frondeurs de LR pour rompre le cordon sanitaire

Get real time updates directly on you device, subscribe now.

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, face au président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, lors d’un débat dans l’émission politique « L’Evénement », le 2 février 2023.

Le plateau de Cyril Hanouna est le lieu idéal pour s’amuser en lançant des claque-doigts. C’est ce qu’a fait, vendredi soir 17 mars, Jordan Bardella en faisant aux députés du parti Les Républicains (LR) une proposition généreuse et pas forcément désintéressée.

L’idée du président du Rassemblement national (RN) : ménager les députés LR qui voteraient à l’Assemblée nationale, lundi 20 mars, une motion de censure, en n’alignant aucun candidat RN face à eux en cas de dissolution et d’élections législatives anticipées. « J’ai envie de dire à ces députés courageux qui hésitent, d’avoir le courage de résister aux pressions et à la Macronie » , a lancé Jordan Bardella.

Le RN a identifié une poignée de circonscriptions tenues par des députés LR hostiles à la réforme des retraites mais hésitants sur la motion de censure, et dans lesquelles Marine Le Pen a enregistré des scores élevés à l’élection présidentielle. Ces députés, tout en ayant le sentiment d’avoir été élus grâce à leur implantation locale, pourraient s’inquiéter pour leur avenir personnel en cas d’élections anticipées. « C’est de la potion magique pour donner du courage aux Gaulois réfractaires », s’amuse Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN à l’Assemblée nationale.

Le RN endosse ainsi le costume du bon prince, regardant de haut la droite qu’il décrit comme finissante. Il conforte également sa posture, martelée chaque jour depuis son entrée massive à l’Assemblée nationale, d’une formation au-dessus des intérêts boutiquiers « au service des Français ». C’est en ce sens que Jordan Bardella a expliqué sa démarche : « Je n’achète pas les voix, je dis : arrêtons le sectarisme. (…) Est-ce que, une fois, on peut mettre de côté l’intérêt de nos partis, de nos boutiques, et se mettre autour de la table dans l’intérêt des Français ? »

« Essayer de casser le cordon »

La réalité est plus triviale. Le RN peine à exister pleinement depuis le début de la séquence des retraites, affichant son opposition dans les médias mais se faisant plus discret à l’Assemblée nationale, et absent de la mobilisation sociale. Victime du cordon sanitaire à son endroit, qui persiste dans les murs du Palais-Bourbon, il sait que sa motion de censure sera boudée par la quasi-totalité des autres députés – quelques LR pourraient se laisser tenter – et la motion de censure transpartisane, lancée par les centristes du groupe LIOT, ne lui a pas été ouverte.

Avec sa proposition, Jordan Bardella tente de remettre son parti dans le jeu. « En politique, il faut toujours montrer qu’on est à l’initiative, justifie le député européen du RN Thierry Mariani, longtemps élu du parti gaulliste. Et c’est un acte de plus pour essayer de casser le cordon qui entoure le RN. »

Il vous reste 41.41% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.