Réforme des retraites : les syndicats relancent la mobilisation alors que la colère augmente dans la rue

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Lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, dimanche 19 mars 2023.

Manifestations sans l’aval des autorités, actes de vandalisme contre des permanences parlementaires, interventions musclées des forces de l’ordre… Depuis plusieurs jours, la contestation de la réforme des retraites s’accompagne d’incidents de plus en plus fréquents. Le mécontentement s’est transformé, ici et là, en explosions d’indignation depuis que le gouvernement a décidé de faire passer ses mesures en appliquant l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote. Dans ce climat de tensions accrues, les treize organisations de salariés et de défense de la jeunesse, coalisées en intersyndicale, se projettent vers une neuvième journée nationale d’action, jeudi 23 mars : regonflées à bloc par l’inflexibilité de l’exécutif, elles continuent d’exiger l’abandon du projet, mais leur ligne de conduite pour la suite s’annonce compliquée à définir.

Samedi 18 et dimanche 19 mars, les initiatives se sont multipliées pour dénoncer la retraite à 64 ans et le recours au 49.3. Des milliers de femmes et d’hommes ont battu le pavé ou se sont rassemblés dans de nombreux chefs-lieux de départements et dans des villes de plus petite taille, comme Lodève (Hérault), Meaux (Seine-et-Marne), Roanne (Loire)…

Dans le 13e arrondissement de Paris, des heurts ont éclaté, samedi soir, à l’issue d’un défilé improvisé de quelque 4 000 personnes. Une centaine d’interpellations ont été réalisées, parfois dans des conditions brutales.

« Nous avions dit plusieurs fois que, à force de ne pas se sentir écoutés, les gens allaient avoir envie de se radicaliser, souligne Cyril Chabanier, le président de la CFTC. Nous le sentions venir, même chez nos militants, qui ne sont pas des anarchistes jusqu’au-boutistes. » L’opposition à la réforme, qui est plus que majoritaire dans le pays, s’est traduite par huit journées nationales d’action « et tout a été balayé d’un revers de la main, renchérit Michel Beaugas, secrétaire confédéral de FO. Il ne faut pas s’étonner après, s’il y a des manifestations ou des rassemblements spontanés, avec, parfois, des violences, que nous condamnons ». Une analyse partagée par François Hommeril, le leader de la CFE-CGC : « L’absence de réponse du pouvoir à un mouvement social cohérent et démocratique ne pouvait créer que deux sentiments, à savoir la colère ou la résignation. Le 49.3 vient de faire pencher la balance vers le premier. »

Montée de fièvre

Dès lors, si la rue s’embrase, c’est « le gouvernement [qui] est responsable, affirme Simon Duteil, codélégué général de Solidaires. Nous espérons vraiment qu’il n’a pas fait le choix de la tactique du pourrissement par la répression excessive, complète-t-il. La situation est explosive, il n’y a pas besoin d’en rajouter. » Dimanche, sur BFM-TV, Philippe Martinez, le numéro un de la CGT, a déclaré que les exactions et les déprédations qui se sont produites « n’ont rien à voir avec le mouvement syndical ». Une façon implicite de pointer du doigt les agissements d’individus surtout mus par l’envie de s’en prendre physiquement aux institutions.

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