Le projet de loi d’accélération du nucléaire adopté en première lecture par l’Assemblée nationale

En avant toute sur le nucléaire. La tourmente sociale et politique déclenchée par le 49.3 sur la réforme des retraites, n’arrête en rien la volonté du gouvernement de pousser ses dossiers clés. Ce mardi 21 mars, en soirée, les députés ont adopté en première lecture, lors d’un vote solennel, le projet de loi d’accélération sur le nucléaire (402 voix en faveur, 130 contre). Après le vote de l’Assemblée, le texte doit poursuivre son parcours parlementaire, en commission mixte paritaire ou lors d’une deuxième lecture. A l’Assemblée, l’exécutif a obtenu l’appui du Rassemblement national, du groupe Démocrate et des communistes, « fervents défenseurs de l’industrie nucléaire » comme l’a rappelé Fabien Roussel. Les Républicains ont aussi soutenu le texte : « Il représente un revirement tant réclamé par les LR », a affirmé Olivier Marleix, chef de file du groupe de droite : « C’est l’occasion de pointer ceux qui ont mis à l’arrêt la filière nucléaire française », a-t-il relevé.
Présenté par le gouvernement comme un texte « technique », ce projet a pour objectif d’alléger les procédures administratives et les délais en vue de concrétiser les promesses d’Emmanuel Macron : à savoir bâtir six nouveaux réacteurs EPR à l’horizon 2035, et lancer des études pour huit autres. « Avec ce projet de loi, ce n’est ni plus ni moins que le fil de la plus grande aventure industrielle française depuis les années 1970 que nous renouons», s’était félicitée Agnès Pannier-Runacher le lundi 13 mars, premier jour des débats. Pour « atteindre la neutralité carbone », il ne faut « plus avoir le nucléaire honteux » , avait surenchéri ce même jour la rapporteure Renaissance du texte, Maud Bregeon, ancienne ingénieure d’EDF. Les écologistes et les insoumis n’ont eu de cesse de pointer l’« inconscience » du gouvernement à relancer cette filière « non résiliente au changement climatique ».
Preuve de cette volonté d’aller vite, dès lundi 13 mars,l’assemblée nationale a acté la suppression du plafond qui limite à 50 % la part de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique français d’ici 2035 ainsi que la limite de 63 gigawatts de puissance pour le parc nucléaire. Les deux dispositions avaient été introduites sous le quinquennat de François Hollande. Leur retrait a suscité une vague d’indignations chez les opposants au texte. Ces derniers y ont vu une manière de préempter la future loi de programmation pluriannuelle de l’énergie, qui doit être discutée par le parlement au plus tôt cet été.
L’ancienne ministre Barbara Pompili (Renaissance) s’est jointe à l’opposition de gauche et écologiste pour critiquer la « forme » de cet article. « J’étais très heureuse d’avoir contribué au discours de Belfort » d’Emmanuel Macron, consacré notamment à la relance du nucléaire en février 2022, mais la loi en cours d’examen « est supposée être une loi technique » d’accélération, pas une loi de programmation sur le mix énergétique, a-t-elle regretté. Ce qu’a contesté la ministre : « il n’y a justement aucun objectif dans la loi puisqu’elle les enlève », a répliqué Agnès Pannier Runacher.
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