« La transition énergétique confronte les banques centrales à un dilemme entre stabilisation de l’inflation et acceptabilité de la hausse du prix du carbone »

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La transition énergétique est le défi majeur posé par le réchauffement climatique. Mais, la solution la plus souvent identifiée par les économistes, la fiscalité écologique, renchérit la facture énergétique, ralentit l’activité économique et augmente les inégalités entre les ménages. C’est ce qu’a perçu la population lors des épisodes de révolte contre l’écotaxe en 2013 et de la taxe carbone en 2018. Atteindre la neutralité carbone doit être socialement acceptable. Il est donc essentiel de rechercher des politiques d’accompagnement.

Différentes options de politiques macroéconomiques sont analysées dans une note de l’Observatoire de macroéconomie du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap) publiée le 22 février. Il s’agit d’accompagner sur la période 2024-2027 une hausse de la taxe carbone similaire à celle envisagée en 2018 avant le mouvement des « gilets jaunes ».

Une première option, la plus naturelle, consiste à redistribuer les recettes de la taxe carbone aux ménages, en privilégiant les plus modestes. Dans une seconde option, ces recettes sont investies dans la rénovation thermique des logements, ce qui bénéficie particulièrement aux ménages les plus modestes, dont la part des dépenses de chauffage dans la consommation totale est la plus importante.

Mais notre étude montre que ces deux politiques d’accompagnement risquent d’être largement insuffisantes en termes d’activité économique et de lutte contre les inégalités, car elles viennent buter sur la réaction probable des banques centrales.

En effet, en soutenant la demande, ces deux politiques contribuent à alimenter l’inflation, en plus des effets déjà inflationnistes de la taxe carbone. Elles entrent ainsi en contradiction avec l’objectif de stabilisation de l’inflation des politiques monétaires menées par les banques centrales, qui sont conduites à relever leurs taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation.

Cela reviendrait à réduire l’efficacité de ces politiques d’accompagnement en termes de relance de l’activité, et jouerait également négativement sur le sort des plus pauvres, plus sensibles à la conjoncture économique. Cette hausse des inégalités serait même renforcée par la hausse des taux d’intérêt, qui bénéficie en effet aux ménages aisés, détenteurs de patrimoine.

Spirale inflationniste

Les banques centrales seront donc confrontées à un nouveau dilemme tout au long de la transition énergétique : respecter leur mandat de stabilité de l’inflation au risque de rendre difficile l’acceptabilité de la hausse du prix du carbone.

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