Qui est vraiment Pierre-Henri Dumont, le frondeur de la droite

Un fin provocateur
« Si je suis mis dehors parce que je n’ai pas respecté telle ou telle consigne, j’en assumerai les conséquences. » Le 20 mars, juste après avoir voté la motion de censure contre le gouvernement, Pierre-Henri Dumont enchaîne les directs pour défendre sa position et celle de dix-huit autres députés du parti Les Républicains (LR). A 35 ans, l’élu du Pas-de-Calais est, avec son ami Aurélien Pradié, l’autre figure de ces frondeurs sur la réforme des retraites. Ces deux-là sont décidés à secouer ce qu’Aurélien Pradié à un jour qualifié « d’Ehpad LR ». Pierre-Henri Dumont n’est pas en reste niveau provocation. Fin janvier, il dépose un amendement pour supprimer le régime spécial des sénateurs. L’amendement est irrecevable, mais la droite sénatoriale, majoritaire, s’étrangle et lui donne du « sale gosse ».
Un précoce en politique
Maire de Marck à 26 ans, député à 29, le natif de Grande-Synthe (Nord) est tombé dans la marmite quand il était petit. A 7 ans, il accompagne ses parents, militants RPR, à des réunions et porte fièrement un tee-shirt « Les Jeunes avec Chirac ». La suite ressemble à un parcours classique mais en accéléré : Science Po Paris, un stage à Washington dans le cabinet de la représentante démocrate Carolyn McCarthy et les années de militantisme. Fin 2009, le lipdub (clip chanté en playback) des « jeunes pop’ » de l’UMP devient viral. Pierre-Henri Dumont fait partie de ceux qui « veulent changer le monde ». On l’aperçoit en tee-shirt (mais sans lunettes) dans un wagon TGV. « On a pu changer la vie des gens dans nos territoires. Mais est-ce qu’on a réussi à changer le monde ? Je ne crois pas », confiait-il, lucide, au Figaro dix ans plus tard.
Un survivant LR en terre RN
La dissolution ? Même pas peur. Tombeur en 2017 de Philippe Olivier, le beau-frère de Marine Le Pen, réélu en 2022 avec 55,83 % des voix, Pierre-Henri Dumont incarne ces députés LR en première ligne face à la montée du Rassemblement national (RN). Il défend une droite sociale, plus étatiste que libérale, pour « reparler au peuple ». A commencer par le contrôle strict de l’immigration, sujet cher à son cœur. En 2019, il joue la droite décomplexée, se disant favorable à des « éliminations ciblées » de Français ayant combattu du côté des djihadistes en Irak et en Syrie.
Un député très foot
Quand Aurélien Pradié est déchu de son poste de numéro deux de LR, le 18 février, Pierre-Henri Dumont publie une photo de sa permanence du jour… dans un bar de Calais, avec ce message : « Loin des cénacles parisiens et des petites combinaisons, ici, le bon sens prime. » En 2017, le député innove déjà en matière de permanence en invitant ses jeunes électeurs à venir le défier à FIFA, le célèbre jeu de football sur console, « une manière de leur parler politique un peu moins techno ». L’élu aime aussi chausser les crampons. Cocapitaine de l’équipe de l’Assemblée, il monte au créneau quand des « insoumis » et des socialistes refusent de jouer avec des députés RN. « Ce n’est pas parce qu’on fait une passe à un mec d’extrême droite ou d’extrême gauche qu’on le devient. »