Candida auris : ce qu’il faut savoir sur ce « tueur des hôpitaux »
Aux États-Unis, les centres de santé ont classé ce champignon comme une « grave menace mondiale pour la santé publique ». Et en France ?
Par Johanna Amselem
Publié le
Temps de lecture : 3 min
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Il sème déjà la terreur aux États-Unis. Candida auris est un champignon pathogène résistant aux médicaments antifongiques traditionnellement utilisés et qui se propage à toute allure. Il s’agit d’une espèce de levure pouvant être responsable d’une infection fongique, une candidose. Candida auris tire son nom de sa provenance puisqu’il a été décrit pour la première fois à la suite d’un prélèvement réalisé dans le conduit auditif d’une patiente.
S’il ne présente pas de risque pour les personnes en bonne santé, il menace les patients les plus fragiles au système immunitaire moins vigoureux. Ce « tueur des hôpitaux » peut causer des infections dans le sang, le cœur ou le cerveau, il a déjà été responsable de plusieurs épidémies survenues dans des hôpitaux. Généralement, il se manifeste par des symptômes proches d’une grippe avec de la fièvre, des courbatures et une importante fatigue.À LIRE AUSSI Chaussettes, WC d’aéroports : les bactéries résistantes sont partout !
Une « menace urgente »
Lundi 20 mars, les centres de santé américains (CDC) ont publié une mise en garde contre ce champignon considéré comme une « menace urgente de résistance aux antimicrobiens ». Selon les données du CDC, les cas d’infections ont triplé, passant de 476 en 2019 à 1 471 cas en 2021. Dans le même temps, les personnes porteuses sans déclarer d’infections sont passées de 1 077 à 4 041 pendant la même période.
Ce champignon a été découvert en 2009 au Japon et, depuis, il est présent sur les cinq continents. En France, le Haut conseil de la santé publique avait également publié un rapport à son sujet en juillet 2019 rapportant la présence de six cas : « Cette levure est difficile à identifier au laboratoire, avec les méthodes habituellement utilisées pour l’identification des Candida. Elle persiste dans l’environnement et se caractérise par une sensibilité diminuée aux antifongiques. » Le HCSP met en garde contre le danger lié à la propagation de ce champignon chez les personnes vulnérables : « Les infections invasives sont associées à un taux de létalité élevé, essentiellement attribuable aux nombreuses comorbidités observées chez les patients infectés ou colonisés. »
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Quelle transmission ?
Ce champignon peut passer d’une personne à l’autre par un contact direct avec une personne contaminée ou porteuse du champignon. Mais la transmission peut également se produire à la suite d’un contact indirect via des objets contaminés ou certaines surfaces (les draps de l’hôpital, les poignées, etc.). Et le réchauffement climatique ne serait pas étranger au développement rapide de ce super-champignon. En effet, une étude parue dans le mBio en juillet 2019 a établi un lien entre son apparition et la hausse des températures. Si, normalement, la majorité des champignons ne résistent pas à la chaleur du corps humain, le Candida auris semble, lui, très bien s’adapter à ces nouvelles conditions météorologiques et au mercure plus élevé. Il serait capable de sortir de sa « restriction thermale », détaille l’auteur principal de cette étude. Selon les chercheurs, « il pourrait s’agir du premier exemple d’une nouvelle maladie fongique émergeant du changement climatique, avec la mise en garde que de nombreux autres facteurs peuvent avoir contribué ».
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Aux États-Unis, les centres de santé s’inquiètent particulièrement de ce champignon car il semble résistant aux antibiotiques, se propage dans les établissements de santé et peut provoquer des infections graves avec des taux de mortalité élevés. « L’augmentation rapide et la propagation géographique des cas sont préoccupantes et soulignent la nécessité d’une surveillance continue, d’une capacité de laboratoire élargie, de tests de diagnostic plus rapides et d’un respect de la prévention et du contrôle des infections éprouvés », a mis en garde l’épidémiologiste du CDC, le Dr Meghan Lyman, auteur principal de l’article. L’Organisation mondiale de la santé a également placé le Candida auris dans la catégorie « critique » des 19 champignons pathogènes les plus dangereux.
Source: lepoint.fr