Charles III à Versailles : Mélenchon et Rousseau aiguisent leurs piques
La gauche radicale juge comme une provocation le dîner offert par le président au souverain en plein conflit social. Il est vrai que le symbole est clivant.
Par Marc Fourny
Publié le
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Ah !, ça ira, ça ira, ça ira… Il y a comme un air de 1789 qui vibre autour de la réception versaillaise de Charles III. Provocation ou maladresse, la gauche radicale fait entendre sa voix contre un dîner de gala jugé plus que déplacé dans la galerie des Glaces, au moment où la France est secouée par les manifestations contre la réforme des retraites. D’autant que la soirée s’annonce somptueuse : concert dans la Chapelle royale, avec des œuvres de Purcell et de Haendel, visite des appartements royaux puis dîner assis pour 200 personnes dans la fameuse galerie, où on utilisera pour l’occasion le splendide service aux Oiseaux de Duplessis, réalisé sous le règne de Louis XV…
De quoi donner de l’urticaire à certains, à commencer par Sandrine Rousseau. « On va avoir Emmanuel Macron, le monarque républicain, qui va recevoir Charles III […] pendant que le peuple est dans la rue en train de manifester », a déploré la députée Nupes sur BFMTV. « Est-ce que vraiment, la priorité, c’est de recevoir Charles III à Versailles ? Mais non, non. » Et de demander l’annulation de la visite.
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« Versailles, ça va quoi… »
Sandrine Rousseau s’inscrit ainsi dans le sillage de Jean-Luc Mélenchon qui estimait mardi, lors d’un meeting en Ariège, que cette visite arrivait au mauvais moment, ironisant au passage sur Emmanuel Macron : « Qu’est-ce que vous nous laissez comme perspective à part vous admirer à Versailles avec le roi Charles je-ne-sais-pas combien ? » Avant de s’adresser directement au souverain britannique : « M. le Roi, écoutez, ici, nous n’avons rien contre vous. Vous êtes le roi des Anglais, c’est votre affaire, mais nous autres, Versailles, ça va quoi… » Le tableau ne serait pas complet sans la montée d’Olivier Besancenot sur les barricades, prévenant d’emblée que le roi serait accueilli « par une bonne vieille grève générale ».
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Il est vrai que Versailles a toujours été vomi par la gauche : symbole de l’absolutisme et du conservatisme, le palais des Bourbons évoque le luxe et la toute-puissance de l’Ancien Régime. C’est là que s’est joué le début de la Révolution française, quand la famille royale fut ramenée physiquement à Paris en octobre 1789 par la foule des Parisiens en colère. C’est là aussi que se sont réfugiés le gouvernement de Thiers et l’Assemblée conservatrice en 1871 pour écraser la commune de Paris, cette révolution éphémère qui dura à peine trois mois – Versaillais contre Communards se sont alors affrontés pendant la fameuse « semaine sanglante ». En politique, les symboles valent tous les mots : en agitant l’étendard versaillais en pleine grève, on était sûr de raviver les étincelles…
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Imagine-t-on un repas de gala pendant que des manifestants font entendre leurs voix autour du château ? L’image serait désastreuse pour le roi d’Angleterre, d’autant qu’il s’agit de son premier voyage officiel à l’étranger en tant que souverain… Mais après des rumeurs de déplacements du dîner, le gouvernement britannique a affirmé jeudi, par la voix d’un porte-parole de Downing Street, « ne pas être au courant d’un quelconque changement de plan » concernant la visite de Charles III en France. Qui a dit que recevoir un roi était une partie de plaisir ?
Source: lepoint.fr