Réforme des retraites : A Lyon, le profil flou des casseurs

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L’entrée de la mairie du 4e arrondissement de Lyon, vandalisée suite à une manifestation, le 17 mars 2023.

Qui sont les casseurs lors des manifestations contre la réforme des retraites ? La réponse vient en demi-teinte, mercredi 22 mars, dans le prétoire des comparutions immédiates de Lyon. Matt, 21 ans, est suspecté d’appartenir à la mouvance radicale des black blocs, vêtue de noir et impliquée dans une série d’exactions depuis huit jours. « Il avait sur lui tous les accessoires de l’émeutier », pointe Laurent Bohé, avocat constitué partie civile pour un policier blessé, qui a reçu une bouteille en verre de 33 centilitres en plein visage. Selon le rapport de la police, un groupe d’une cinquantaine d’individus a brutalement chargé les forces de l’ordre, en marge d’un défilé improvisé, lundi 20 mars. Interpellé cours Gambetta, l’étudiant aux Beaux-Arts transportait dans son sac des lunettes de plongée, des masques et une bombe de peinture sans bouchon. Black bloc ?

Cheveux bruns mi-longs tirés en arrière, petite barbichette, le jeune prévenu dément toute radicalité politique. Confronté au policier, il a craqué en garde à vue, avouant avoir jeté la bouteille sur lui. « Je voulais fédérer, rien ne justifie ce geste. C’est le stress, la pression et la peur que je subissais à ce moment-là. C’est un geste disproportionné que je regrette. Je n’imaginais pas en arriver là, ni même être dans cette salle un jour dans ma vie », dit l’étudiant tout penaud, réprimant ses larmes. « Il y a des casseurs beaucoup mieux préparés qui ne se font pas attraper, lui, il panique et trébuche », plaide son avocat Maxence Genty.

Il explique que le jeune homme a voulu manifester le jour de la motion de censure à l’Assemblée, en raison de la situation de son père, qui cache sa maladie de Parkinson à son employeur, et de sa mère, au foyer, « qui devra retravailler jusqu’à 67 ans pour financer sa retraite ». « Je me suis fait prendre par une atmosphère de violence », confesse le jeune prévenu, avant que la procureure Dominique Sauves ne requiert dix mois d’emprisonnement ferme et l’interdiction de manifestation. Le tribunal a prononcé une peine de soixante-dix heures de travail d’intérêt général, en accordant 1 000 euros de dommages et intérêts au policier blessé.

« J’étais révolté »

Entre immaturité déboussolée, et violence planifiée, les autorités judiciaires et policières ont du mal à cerner le profil des suspects interpellés lors des épisodes de violences à Lyon, comme le révèlent les procès-verbaux des récentes interpellations, que Le Monde a pu consulter. Après le saccage de la mairie du 4e arrondissement, dans la soirée du vendredi 17 mars, la moitié des 37 personnes interpellées sont âgées de 16 à 23 ans. Aucune n’est directement impliquée dans les dégradations des locaux municipaux. Seulement treize font l’objet de suites judiciaires, à des dates de convocation repoussées à l’été.

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