Réforme des retraites : une manifestation massive et des heurts à Lyon
Les manifestants étaient nombreux à battre le pavé ce mercredi. Quelques incidents ont même éclaté à l’avant du cortège avec la police.
Par Nathan Lautier, à Lyon.
Publié le
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À Lyon, la manifestation contre la réforme des retraites a rassemblé 22 000 personnes selon la préfecture – 55 000 selon les syndicats –, soit presque autant qu’au plus fort de la mobilisation (on comptait 25 000 manifestants le 7 mars dernier). L’atmosphère, au début du rassemblement, était bon enfant. Un sujet courait tout au long du cortège : l’interview télévisée mercredi d’Emmanuel Macron.
L’utilisation du 49.3 ou les récents propos du président de la République ont même décidé certains des manifestants à descendre dans la rue pour la première fois. C’est le cas de Maelia, 21 ans, au chômage. En sortant du métro pour se rendre à la manifestation, la jeune Lyonnaise glisse à l’amie qui l’accompagne, « ça me stresse un peu » . Les images des violences policières des derniers soirs l’inquiètent. Pour autant, elle a décidé de passer le cap ce jeudi parce que « ce n’est pas normal qu’on prenne des décisions de force ».
Un peu plus loin dans le cortège, une manifestante, 29 ans, au chômage après avoir œuvré pendant 10 ans dans la restauration, a également fait le choix de manifester pour la première fois. « Soit je venais, soit je restais pleurer toute seule chez moi », pose-t-elle d’emblée. « C’est trop, maintenant. Je pense à mes deux petites sœurs, à mes parents en situation précaire, qui triment. Moi, j’ai décroché et j’ai commencé à travailler très tôt. J’ai développé une maladie professionnelle. Je ne souhaite pas ça pour mes sœurs. »
Avant d’enchaîner : « Le déclic, ça a aussi été l’histoire de ce jeune qui est mort pendant une épreuve du bac… C’est un tout. Je me suis demandé ce qu’on allait laisser à la jeunesse. On ne peut pas continuer comme ça, c’est une question de santé publique aussi. »
Musique derrière, lacrymo devant
Le cortège de ce jeudi semblait vraisemblablement divisé en deux. À l’avant – près 3 000 personnes selon la préfecture –, les manifestants lancent des projectiles, des fumigènes, inscrivent des tags, et cherchent à bloquer l’A7… En face, les forces de l’ordre chargent à plusieurs reprises. La manifestation est même bloquée sur le pont de la Guillotière pendant de longues minutes. Alors que la queue du cortège, elle, n’est pas encore partie.
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À l’arrière, justement, l’ambiance reste bonne. Chants, musique à plein tube… Des personnes de tout âge, tout horizon, se sont déplacées pour protester contre cette réforme. Des familles avec des enfants entament « Bella Ciao » ou un chant en l’honneur des Canuts. Des slogans ont bien sûr été scandés tout le long de la marche, comme celui institutionnalisé par les Gilets jaunes, « On est là », mais aussi « La retraite – à 60 ans – on s’est battus pour la gagner, on se battra pour la garder », accompagnés d’un nombre grandissant de pancartes humoristiques reprenant souvent des mèmes – ces images humoristiques issues des réseaux sociaux : « hé gro sayer », « tu nous mets 64 on te mai 68 »…
Pour nombre d’habitués des pavés, cela faisait longtemps, que la tension n’avait pas été si palpable dans les rues lyonnaises. La police a procédé à onze interpellations selon la préfecture, en marge de la manifestation.
Source: lepoint.fr