Réforme des retraites : Emmanuel Macron concentre la contestation sociale contre sa personne

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Lors de la manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, le 23 mars 2023.

Avant son interview au « 13 heures » de TF1 et France 2, mercredi 22 mars, l’Elysée avait fait savoir que le président de la République souhaitait s’adresser aux « territoires » en choisissant cet horaire et ce format. Certains des proches du chef de l’Etat avaient aussi espéré un moment que cette émission « apaise » le climat. Jeudi soir, au terme de la neuvième journée de mobilisation, Emmanuel Macron et sa première ministre, Elisabeth Borne, ont pu constater que la rue ne s’était pas calmée : plus d’un million de manifestants ont encore défilé en France (1 080 000 selon le ministère de l’intérieur ; 3 500 000, selon la CGT). Des violences, parfois filmées en direct sur les réseaux sociaux et alimentant les bandeaux des chaînes d’information en continu, ont eu lieu en marge de nombreux cortèges. Et dans « les territoires », les villes moyennes se sont une nouvelle fois fortement mobilisées.

Une semaine après l’usage du 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites, Emmanuel Macron s’enfonce dans un face-à-face très dangereux avec la rue. Dans la journée de jeudi, le président de la République a dû replonger dans son agenda international en assistant au Conseil européen à Bruxelles. Le chef de l’Etat a été informé toute la journée et dans la soirée du déroulement de la neuvième journée de mobilisation mais il n’a pas pris la parole, vingt-quatre heures après son retour dans l’arène. Son interview, très attendue – environ de 11,5 millions de personnes l’ont regardée – l’a replacé en première ligne. Dans les cortèges marqués cette fois par l’importance de jeunes manifestants, son visage était présent sur de nombreuses pancartes d’opposants.

« Macron, méprisant de la République », pouvait-on lire. « Macron, les factieux t’emmerdent », avaient imaginé d’autres, en référence à une formule du président de la République, mercredi. Comme si ses mots avaient un peu plus envenimé les choses. « J’ai la conviction profonde qu’il nous humilie, qu’il n’écoute pas le peuple français, a lancé Martine Aubry, maire socialiste de Lille et ancienne ministre du travail, au départ de la manifestation dans sa ville. Parler de factieux, c’est inacceptable de la part d’un président de la République. »

Dans le cortège de la manifestation contre la réforme des retraites, à Besançon, le 23 mars 2023.

Le climat de tension autour de la réforme des retraites s’est encore dégradé, jeudi. Alors que les images de violences policières contre des protestataires lors des défilés se sont multipliées et qu’une femme a eu le pouce arraché à Rouen, selon le maire (PS) de la ville, Nicolas Mayer-Rossignol, le chef de l’Etat et l’Elysée n’ont pas réagi officiellement. Son entourage évoquait plutôt la scène d’un CRS assommé par un projectile devant les caméras en rappelant que « les forces de l’ordre faisaient face à des individus très violents ».

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