Inflation : les écarts se creusent entre les ménages

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La hausse des prix en France ne fait pas que vider le porte-monnaie des ménages. Elle creuse aussi les inégalités de manière significative, en fonction des modes de vie et de consommation. L’Insee indique, dans la note de conjoncture publiée le 15 mars, que l’écart d’inflation entre différentes catégories de ménages atteignait en janvier 2023 − alors que la hausse des prix sur un an atteignait 6 % − trois points de pourcentage. En avril 2022, cet écart entre catégories n’était que de 1,5 point. Lorsque l’inflation était très faible, entre 2015 et 2021, il était quasiment inexistant : 0,2 point seulement.

Cette inégalité face à l’inflation ne reflète pas uniquement les inégalités de revenus. Elle a également à voir avec l’âge, le lieu de vie − ruraux et urbains ne sont pas logés à la même enseigne − et les habitudes alimentaires. « L’énergie, notamment l’énergie du logement et les carburants, contribue notablement aux écarts d’inflation entre catégories de ménages, explique l’Insee. Mais l’alimentation y contribue tout autant. » Celle-ci constitue, depuis septembre 2022, la principale locomotive de la hausse des prix en France, autant du fait du niveau élevé de l’inflation alimentaire (+ 13,4 % sur un an, début 2023) que du poids important de ce poste dans le budget des ménages (16 % en moyenne).

Inégalité entre générations

L’âge apparaît comme l’un des principaux facteurs de disparité entre les ménages. Selon les calculs de l’Insee, toutes choses égales par ailleurs (revenus, lieu de vie…), les moins de 30 ans subiraient une inflation inférieure de plus de 2 points de pourcentage que les personnes âgées de plus 75 ans. Cette inégalité entre générations s’explique en premier lieu par les dépenses d’énergie du logement : celles-ci augmentent avec l’âge. D’une part, parce que les générations plus âgées vivent souvent dans des logements plus grands, maison ou appartement familial, plus coûteux à chauffer, que leurs enfants ou petits-enfants. Mais l’écart provient aussi de l’énergie utilisée : les aînés sont plus souvent chauffés au gaz ou aux combustibles tels que le fioul, dont les prix ont davantage augmenté que ceux de l’électricité.

L’autre grand facteur d’inégalités est à rechercher dans les habitudes alimentaires. L’alimentation représente 21 % du budget des plus de 60 ans, soit presque deux fois plus que pour les moins de 30 ans, qui ne consacrent que 11 % de leur budget à se nourrir. Les premiers consomment davantage de produits dont les prix ont fortement augmenté ces derniers mois : viande, poisson, œuf, produits laitiers… Plus frugaux, les seconds se tournent en outre plus volontiers vers les services de restauration à l’extérieur, dont les tarifs ont paradoxalement moins augmenté sur la période récente que les produits alimentaires bruts.

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