En Belgique, tempête dans la grande distribution

Les temps sont difficiles pour les milliers d’employés du secteur de la grande distribution en Belgique, et un conflit social de grande ampleur se dessine après l’annonce d’un préavis de grève pour tout le commerce de détail. Il a été déposé, vendredi 24 mars, par deux syndicats, la Centrale nationale des employés (chrétienne) et la Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique.
Une troisième organisation, le Syndicat des employés, techniciens et cadres (socialiste), dit vouloir, elle aussi, « montrer les dents » avant le 17 avril, date prévue pour la grève, mais elle craint d’offrir au patronat un argument qui lui permettrait de refuser toute négociation. C’est ce jour-là, en effet, que doit, en principe, avoir lieu la négociation sociale bisannuelle entre patrons et représentants syndicaux de la distribution.
Les employés de deux sociétés belges « historiques » passées sous pavillon étranger, le groupe Mestdagh, racheté en janvier par Intermarché, et Delhaize, fusionné en 2016 avec le néerlandais Ahold, sont actuellement mobilisés contre la franchisation de la totalité des magasins des deux groupes. Les syndicats redoutent un scénario qui pourrait se généraliser et conduire à un détricotage des acquis sociaux, ainsi qu’à une vague de licenciements.
La baisse des coûts contre les statuts
Pour Comeos, la fédération belge du commerce, d’autres restructurations risquent, en tout cas, de suivre. On cite notamment le cas de Carrefour, qui, perdant régulièrement des parts de marché, pourrait être tenté de franchiser ses 84 supermarchés encore intégrés. Cora, Match ainsi qu’Albert Heijn, en Flandre, pourraient aussi imiter Delhaize. Quant à Colruyt, numéro un dans le royaume, il a déjà opté pour la franchisation de sa filiale Spar.
Réduire les coûts, devenir plus rentables et plus flexibles, avec notamment des ouvertures le dimanche : l’objectif des directions cadre mal avec la volonté syndicale de protéger des statuts datant d’il y a plusieurs décennies qui font, notamment, que le salarié d’un hypermarché intégré gagne généralement 30 % de plus que le salarié d’une franchise ou d’un commerce local.
Le secteur doit, en fait, relever plusieurs défis, dont celui que posent les acteurs du discount, qui accaparent désormais 40 % du marché. La modification du comportement des consommateurs ainsi que l’attraction exercée par les pays voisins (France, Pays-Bas, Luxembourg), où faire son marché coûte souvent beaucoup moins cher, sont d’autres facteurs de déstabilisation pour les enseignes traditionnelles.
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