« On a aussi des choses à dire » : ces jeunes qui se mobilisent contre la réforme des retraites

Elle constitue le second souffle des mobilisations. Après l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, jeudi 16 mars, pour faire adopter sans vote la réforme des retraites, la jeunesse a rejoint en nombre les cortèges.
Les manifestations de ce jeudi 30 mars confirmeront-elles cette tendance ? « Amplifions nos grèves » est en tout cas le mot d’ordre de la coordination nationale étudiante, qui regroupe des délégations de 31 établissements – au-delà du cadre des syndicats – et qui appelle à une journée d’action pour aider à bloquer les lycées et organiser des assemblées générales. Le syndicat La Voix lycéenne affirme de son côté que l’appel à la mobilisation reste le même et encourage les blocages.
Portraits de cette jeunesse diverse, aux revendications multiples. Les personnes citées par leur prénom n’ont pas souhaité donner leur nom. Bastien, engagé dans les heurts face aux forces de l’ordre, a demandé un prénom d’emprunt.
Yanna, 20 ans. Rencontré dans un cortège parisien, Yanna, jeune étudiante à l’université Paris-XIII, en deuxième année dans la filière « carrières sociale », défile avec un drapeau des Jeunes Ecologistes. Elle se réjouit « qu’il y ait de plus en plus de jeunes et surtout de jeunes femmes qui se mobilisent ». Pour Yanna, « la lutte pour les droits sociaux est complémentaire de la lutte écolo ». Issue d’une famille très politisée, son père étant responsable syndical à Tours, la militante souhaite montrer que « les jeunes ont aussi des choses à dire » et contredire la « vision d’une jeunesse apolitique ». Même si elle reconnaît que manifester est « un privilège » et que tout le monde « ne se sent pas légitime de le faire ».
Myrdhin Baran-Marescot, 21 ans. Myrdhin Baran-Marescot, 21 ans, a manifesté contre les retraites, en tête de cortège, le 28 mars, à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine), une commune rurale de 6 800 habitants. Ce jour-là, cet étudiant en troisième année d’histoire à Rennes-II est l’un des seuls jeunes présents et ça l’agace. Il pianote alors sur son téléphone portable pour convaincre des amis de le rejoindre. « Ils me répondent en me taquinant sur mon engagement. Je les bassine avec la réforme des retraites. Mes potes se sentent peu concernés. Moi, je crois qu’il y a là une opportunité de fédérer les luttes pour battre ce gouvernement, insiste-t-il. A la campagne, on s’engage moins facilement qu’ailleurs. On passe vite pour quelqu’un de très militant à la moindre prise de position. A Rennes, ça bouillonne tellement de partout qu’un jeune manifeste sans hésiter. »
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