Réforme des retraites : les salariés de la raffinerie TotalEnergies de Donges poursuivent la grève

« La rumeur dit que cela pourrait bien être pour aujourd’hui. » Lunettes de soleil, allure décontractée, Jordan, habitant de Donges (Loire-Atlantique) venu en renfort mercredi 29 mars dans la journée pour aider ses amis à tenir le piquet de grève, avait vu juste. Dans la soirée, l’évacuation a bien eu lieu sur le dépôt pétrolier de la Société Française Donges-Metz (SFDM). Les gendarmes sont intervenus « dans le calme » pour déloger la quarantaine de personnes qui bloquaient de nouveau, depuis mardi, l’entrée des camions-citernes sur ce site stratégique, près de la raffinerie et des docks, qui alimente les stations-service de la région.
L’impact commençait d’ailleurs à se faire sentir à la pompe. Alors que la France comptait ce mercredi 15 % de stations-service à court de gazole ou d’essence, le Grand Ouest, le Sud-Est et l’Ile-de-France enregistraient des taux plus tendus encore : « Près d’une station sur trois ou quatre est d’ores et déjà en rupture en moyenne d’un produit pétrolier », selon le gouvernement. De surcroît, le dépôt SDFM est raccordé à un pipeline qui dessert Le Mans, Paris et Metz, où est effectué le remplissage d’autres camions. « Le blocage commençait donc déjà à perturber l’approvisionnement vers Le Mans, Tours et l’Essonne », explique Morgan Lemarié, opérateur pétrolier sur place. Et avait donné lieu à une pénurie dans un dépôt de Meurthe-et-Moselle.
Après l’évacuation, la tension peut-elle baisser d’un cran sur le front des stations-service ? « Il n’y aura pas de chargement avant jeudi midi en raison de la nécessité de déblayer les issues, prévient Fabien Privé Saint-Lanne, représentant CGT de la raffinerie de Donges. Par ailleurs, je ne doute pas que le dépôt sera rebloqué très rapidement », ajoute-t-il. La semaine dernière, un violent affrontement entre les dockers qui avaient tenté d’entraver un bateau et les forces de l’ordre avait déjà eu pour conséquence de déloger les grévistes, qui s’étaient réinstallés ensuite.
« C’est un lieu de convergence des luttes car le dépôt est à la fois alimenté par la raffinerie et les tankers », confirme Morgan Lemarié. En grève depuis la mi-mars, les quatorze opérateurs, dont lui-même, ont d’ailleurs reçu le soutien d’autres professionnels. Des raffineurs, des gaziers, des dockers, mais aussi des cheminots. Ou des habitants de passage.
« Macron, c’est Thatcher au masculin »
A deux kilomètres, à la raffinerie TotalEnergies de Donges, ce mercredi, l’ambiance n’était d’ailleurs pas vraiment à la démobilisation. « Ce qui nous motive c’est le retrait de la réforme. Rien d’autre », répétaient à l’envi les opérateurs, alors que la grève a été reconduite jusqu’à 21 heures vendredi, à plus de 80 %. Des pourcentages qui n’ont guère varié depuis le 7 mars, début du conflit. Ce mercredi, ils reflétaient la défiance à l’égard de la future rencontre entre les leaders syndicaux et la première ministre, Elisabeth Borne, en début de semaine prochaine. Chez TotalEnergies Normandie, la grève devrait également se poursuivre jusqu’à lundi.
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