Sophie Binet à la tête de la CGT, un choix surprise pour succéder à Philippe Martinez

Pour la première fois, une femme accède au poste de commandement de la CGT. Sophie Binet a été élue, vendredi 31 mars, secrétaire générale, à l’issue du 53e congrès de son syndicat, qui s’est déroulé à Clermont-Ferrand dans un climat extrêmement tendu. Un tel choix constitue une surprise, car elle n’était pas en lice pour succéder à Philippe Martinez au commencement des retrouvailles de la famille cégétiste, dans le chef-lieu du Puy-de-Dôme.
Trois autres personnalités étaient dans la course, dont Marie Buisson, considérée comme la candidate favorite de M. Martinez et qui avait été adoubée par l’équipe de direction sortante. Mais celle-ci a été écartée par le comité confédéral national (CCN), le « parlement » de la CGT, qui réunit les fédérations et les unions départementales. La tâche de la nouvelle dirigeante s’annonce plus qu’ardue : elle va devoir s’employer à recoller les morceaux d’une organisation qui se déchire à ciel ouvert depuis des mois.
Sortir de l’impasse
Le suspense aura duré jusqu’au petit matin. Le CCN s’est prononcé vendredi, vers 8 h 45, en faveur de Mme Binet par 61 voix pour, 11 contre et 16 abstentions. Son nom avait été proposé à l’aube par une autre instance de la CGT, la commission exécutive confédérale (CEC). Cet organe de gouvernance, qui avait commencé ses travaux la veille peu avant minuit, devait soumettre un nom, sachant qu’il y avait deux possibilités connues : Mme Buisson et Céline Verzeletti, cosecrétaire générale de l’Union fédérale des syndicats de l’Etat. Une troisième figure de la CGT s’était également déclarée : Olivier Mateu, patron de l’union départementale des Bouches-du-Rhône, répertorié parmi les tenants d’une ligne dure. Mais celui-ci n’a finalement pas pu aller au bout de sa démarche, pour des raisons statutaires.
Après le rejet de la candidature de Mme Buisson, la CEC n’a pas réussi à s’entendre sur une offre alternative, qui aurait été incarnée par Mme Verzeletti. Pour sortir de cette impasse, une nouvelle solution a donc été trouvée en la personne de Mme Binet. Agée de 41 ans, elle était à la tête, jusqu’à présent, de la CGT-Cadres. Elle s’est par ailleurs beaucoup impliquée dans les luttes féministes et contre les violences sexistes. A la tête de la confédération, il y a aura, à ses côtés, Laurent Brun, propulsé au poste d’administrateur – une fonction-clé dans l’appareil du syndicat. Celui-ci est le responsable de la puissante fédération des cheminots. Depuis plusieurs années, il avait exprimé à voix haute son opposition à M. Martinez, déplorant le manque de démocratie interne et critiquant le partenariat noué par la CGT avec des associations environnementales dans le collectif Plus jamais ça.