Malgré la crise sociale, l’étonnante résistance de l’économie française

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Et pourtant, elle tourne ! Alors que s’est tenue, jeudi 13 avril, la douzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, et que le Conseil constitutionnel devait se prononcer vendredi sur le texte, l’économie tricolore fait preuve d’une étonnante résistance. « La croissance française là, elle est solide », a encore martelé le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, sur Europe 1, mardi 11 avril. « On a mieux terminé 2022, et mieux commencé 2023 qu’on ne pouvait le craindre », résume Denis Ferrand, directeur général de l’institut Rexecode, proche du patronat.

L’épée de Damoclès d’une récession, un temps redoutée, et qui risque de frapper notamment l’Allemagne, s’éloigne. Mardi, la Banque de France a légèrement revu en hausse sa prévision de croissance pour le premier trimestre (le PIB devrait finalement progresser de 0,2 %), tandis que le FMI attend une croissance de 0,7 % cette année. A Bercy, l’objectif de 1 % pour 2023 pourrait être conservé dans le programme de stabilité qui doit être envoyé d’ici quelques jours à la Commission européenne.

Et si des centaines de milliers de Français sont descendues dans la rue pour exprimer leur mécontentement ces dernières semaines, grèves et blocages n’ont pas perturbé outre mesure la marche des entreprises. Ni les pénuries d’essence ni les grèves de transport ne sont parvenues à « mettre la France à l’arrêt », le mot d’ordre des syndicats il y a un mois.

« Il y a une dissociation entre le climat politique et social, et la vie économique », confirme Alexandre Montay, le délégué général du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI), qui souligne « la dynamique de chiffre d’affaires et d’investissement » de la majorité de ses adhérents : « Les carnets de commandes sont bons, les entreprises continuent de se projeter. »

Malgré des disparités fortes selon les secteurs et des inquiétudes face à la hausse des coûts de production, notamment énergétiques, les deux tiers des dirigeants d’entreprise de taille intermédiaire se disent plutôt optimistes pour les prochains mois, contre la moitié seulement fin décembre 2022, selon le baromètre trimestriel du METI. « Le redémarrage français post-Covid – plan de relance, PGE [prêts garantis par l’Etat]… –, assorti aux mesures de compétitivité mises en place par le gouvernement ces dernières années, explique la bonne tenue de l’investissement et de l’emploi », estime M. Montay.

« La baisse du chômage, ça n’intéresse plus grand monde »

C’est le grand paradoxe de ce début de second quinquennat d’Emmanuel Macron : après la catastrophique séquence des retraites, l’action politique semble à l’arrêt, les ministres rongent leur frein, les images de grèves et d’affrontements avec la police font le tour du monde, et la bonne résistance de l’économie ne passe pas le mur du son. Même s’il ne s’agit pas encore de plein-emploi, le chômage tutoie les 7 %, les intentions d’embauche demeurent à un niveau élevé. Même bonne surprise du côté des finances publiques, où les recettes fiscales – dopées en partie, il est vrai, par l’inflation – ont dépassé les attentes de l’exécutif de 7 milliards d’euros, permettant une réduction plus forte qu’attendu du déficit fin 2022, à 4,7 % du PIB.

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