« Le projet budgétaire du gouvernement français est inutile, dangereux et injuste »

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Vous avez aimé la réforme des retraites ? Vous allez adorer le nouveau projet budgétaire du gouvernement. Bruno Le Maire en a dévoilé les contours jeudi 20 avril lors de la présentation du Programme de stabilité (Pstab) de la France pour 2023. Il affiche une volonté claire d’accélérer le désendettement du pays, assurant vouloir « ramener le déficit public à 2,7 % et la dette publique à 108,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2027, soit 4 points de dette en moins que ce qui avait été envisagé il y a un an lors du précédent Pstab ». Cet effort à venir de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale est présenté par le ministre comme un principe de justice – après le sacrifice demandé à la population avec la réforme des retraites, il serait normal qu’un effort soit demandé aux administrations publiques.

Qui peut avaler un argument aussi grossier ? C’est en réalité la poursuite implacable de la dégradation des services publics et de la protection sociale qui est programmée. Cet effort serait, selon le gouvernement, rendu nécessaire par la hausse des taux d’intérêt qui alourdirait la charge de la dette publique et menacerait sa soutenabilité. Afin de noircir le tableau à dessein, Bruno Le Maire affirme que « c’est soit la réduction accélérée de la dette maintenant (…), soit les impôts demain ».

Signal de fébrilité

Le choix du gouvernement est pourtant inutile, dangereux, et aussi injuste.

Inutile parce que d’après l’Agence France Trésor, en avril, la demande des investisseurs a été deux fois plus importante que le volume de titres français émis. Cela signifie que la dette française reste éminemment attractive et ne suscite aucune inquiétude sur les marchés financiers. Selon les prévisions du gouvernement, la charge de la dette atteindrait 70 milliards d’euros en 2027, soit 2 % du PIB en 2027 contre 1,8 % en 2022. Cette légère hausse est en partie due à l’émission de titres indexés sur l’inflation. Or ces titres, en protégeant les revenus financiers alors que les salaires ne le sont pas, représentent un élément de plus d’injustice sociale.

Dangereux parce que le gouvernement envoie un signal de fébrilité, alors que les appréciations financières ne montraient pas d’inquiétude quant à la soutenabilité de la dette française. Afficher publiquement que la signature française est conditionnée à la réforme des retraites et aux baisses de dépenses à venir est une stratégie périlleuse, sinon contre-productive, comme en témoigne la récente dégradation opérée par l’agence de notation Fitch, qui s’est déclarée bien plus inquiète du climat social en France que de l’absence de la réforme des retraites, ou encore la réaction de son homologue Moody’s, qui a souligné qu’en passant en force par le 49.3, le gouvernement obérait les capacités de réforme à venir.

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