Ce que révèlent les déclarations d’intérêts des députés

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Femme de ménage, téléconseiller, chauffeur routier… Des élus issus de professions traditionnellement peu représentées à l’Assemblée nationale sont entrés en juin 2022 au Palais-Bourbon. Mais leurs déclarations d’intérêts et d’activités, publiées en février par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), confirment que les revenus des députés restent bien plus élevés que ceux de leurs concitoyens, hormis pour certains élus de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN).

La fragilité des données, qui reposent sur des déclarations parfois approximatives ou incomplètes, empêche une analyse très précise ; elle permet néanmoins d’appréhender des ordres de grandeur. Au total, les trois quarts des députés actuels ont perçu, dans les cinq années précédant leur mandat, des revenus d’activité qui les placent parmi les 10 % de Français les plus aisés. Avec toutefois un grand écart entre les quelques étudiants sans revenus et des cadres du privé venus de secteurs très lucratifs, à l’instar d’Astrid Panosyan-Bouvet – la députée Renaissance de Paris, passée par le géant de l’immobilier Unibail-Rodamco-Westfield, a gagné 6,1 millions d’euros sur la période 2017-2021.

Revenus d’activité des députés par groupe parlementaire

Chaque point représente un député, positionné en fonction de son groupe politique et de ses revenus d’activités cumulés sur la période 2017-2022 (hors revenus du capital).

Huit parlementaires ne sont pas représentés : en raison d’une arrivée récente à l’Assemblée à la faveur d’une élection partielle ou d’une entrée au gouvernement, leur déclaration d’intérêts n’est pas encore disponible.

La barre noire représente la médiane par groupe parlementaire.

Des données approximatives

Les données présentées dans cet article sont à interpréter avec prudence : plusieurs députés remplissent de façon imprécise leurs déclarations. Nous avons corrigé manuellement certaines erreurs et doublons, mais il reste de nombreuses coquilles.

En outre, ces chiffres n’incluent pas les pensions de retraite, indemnités de chômage et prestations sociales, qui n’ont pas à être déclarées, ni les participations financières, pour lesquelles n’est indiquée que la rémunération d’une seule année.

De très aisés parlementaires de droite

C’est au sein des groupes parlementaires Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), Renaissance et Les Républicains (LR) que l’on trouve le plus d’élus à hauts revenus. Sans même intégrer leurs participations financières, plus de 90 % d’entre eux se situent dans le décile des Français les plus aisés.

Dans ces trois groupes, de nombreux élus, qui étaient déjà députés en 2017, ont poursuivi en parallèle une activité libérale (médecins, pharmaciens, avocats…), pour un montant de 80 000 euros par an en moyenne. Sur cette période, Jean-Paul Mattei (Modem, Pyrénées-Atlantiques) déclare ainsi 118 000 euros net de revenus liés à une activité de « notaire gérant associé », venant s’ajouter à ses indemnités de député.

Au contraire, les députés de LFI et du RN se situent, en moyenne, au bas de l’échelle des revenus de l’Assemblée nationale (tout en dépassant largement les revenus médians des Français). Parmi les plus modestes figurent des députés qui entament leur premier mandat. Rachel Keke (LFI, Val-de-Marne), qui s’est illustrée lors du mouvement des femmes de chambre de l’hôtel Ibis des Batignolles, déclarait ainsi 16 275 euros de revenus en 2021, issus de son activité de gouvernante d’étage.

On rencontre toutefois quelques exceptions, notamment à l’extrême droite : élu député pour la première fois en 2022, Philippe Lottiaux (RN, Var) recevait jusqu’alors de confortables revenus en cumulant ses fonctions de directeur général des services de la ville de Fréjus et de son intercommunalité avec son mandat de conseiller régional.

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