« Résoudre la crise du logement, c’est redonner du pouvoir d’achat aux Français »
Alors que tout au long des débats sur les retraites, Emmanuel Macron n’a écouté ni le Parlement, ni l’intersyndicale, ni la rue, ni l’opinion des trois quarts des Françaises et des Français, il nous demande aujourd’hui de l’entendre. Le président a présenté un classique triptyque à base de « travail, justice et pouvoir d’achat ». Et il indique vouloir mettre ce pouvoir d’achat au cœur de ses priorités. Je souhaite sincèrement pouvoir le croire.
Cependant, je constate que le président reste muet sur un sujet : le logement. Pourtant, il s’agit du premier poste de dépenses des ménages. Emmamuel Macron demande de faire l’effort de travailler deux ans de plus – et quel effort ! Mais a-t-il pris la mesure de celui que les Françaises et les Français consentent chaque mois pour « simplement » payer leur loyer ou rembourser leur prêt immobilier ?
Dans notre pays, se loger coûte très cher. Les ménages y consacrent en moyenne 28 % de leurs dépenses, une proportion qui peut même atteindre 45 % pour les plus modestes d’entre eux, les contraignant ainsi à assurer le quotidien avec un reste à vivre qui se réduit comme peau de chagrin. A se priver de l’essentiel. A renoncer à se soigner.
Il y a urgence à agir pour le logement
Dans ce domaine, l’action du chef de l’Etat reste marquée par la casse des aides personnalisées au logement (APL). Après la baisse de 5 euros mensuels à l’été 2017, la réduction du loyer de solidarité et la suppression de l’APL accession ont fini de donner le ton ! Deux décisions qui sont venues percuter de plein fouet les plus fragiles de nos concitoyens. Ils n’ont jamais vu poindre la moindre mesure de justice sociale dont ces réformes auraient dû être assorties.
C’est le modèle même du « logement social à la française » qui a été fragilisé, quand 70 % de Françaises et de Français peuvent y prétendre. Six ans plus tard, et malgré la mobilisation des élus locaux, des bailleurs sociaux et des promoteurs immobiliers, le secteur du logement se retrouve quasiment à l’arrêt. Vous regrettez une absence de consensus sur la réforme des retraites ? Après avoir présidé avec Serge Contat, directeur général d’Emmaüs Habitat, un groupe de travail du Conseil national de la refondation (CNR), je peux vous assurer qu’un sujet met bel et bien tout le monde d’accord : l’urgence d’agir pour le logement !
Depuis novembre 2022, dans les délais très contraints fixés par l’exécutif, tous les acteurs du logement – associations, promoteurs, bailleurs, etc. – se sont mobilisés dans un esprit constructif et collégial pour formuler des pistes d’actions. Fin février, les animateurs des groupes de travail – pilotés par Véronique Bédague, présidente-directrice générale de Nexity, et Christophe Robert, directeur général de la Fondation Abbé Pierre – ont adressé à Olivier Klein, ministre du logement, une série de propositions immédiatement opérationnelles.
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