Nouvelle-Calédonie : pour le chef du gouvernement, c’est à « la République de dire comment elle envisage » l’avenir du territoire
C’est un sentiment, celui d’un non-dit, qui l’a pénétré au fil de ses conversations avec l’exécutif, de l’Elysée au ministère des affaires étrangères : à Paris, on voudrait que les Calédoniens se débrouillent seuls. On aimerait qu’indépendantistes et loyalistes se mettent d’accord pour sortir de l’ornière dans laquelle ils sont plongés, bloqués après deux grands accords politiques, Matignon en 1988 et Nouméa en 1998. Ces textes historiques ont apporté une longue paix après la quasi-guerre civile des années 1980, mais ils n’ont pu établir le statut définitif de la Nouvelle-Calédonie, qu’il faut désormais écrire – française ? indépendante ? partenaire associée à la France ?
Louis Mapou, le président indépendantiste du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, a achevé, vendredi 12 mai, une visite politique de douze jours à Paris. La première dans ses fonctions, qu’il occupe depuis deux ans.
Que les Calédoniens se débrouillent ? Lui pense à l’inverse : « C’est le moment de la République. Les derniers points en discussion sont en lien avec la République. A trop demander aux Calédoniens eux-mêmes de trouver la solution, on risque de ne pas y parvenir », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec plusieurs médias dont Le Monde.
« Faire valoir nos besoins »
L’accord de Nouméa a transféré la plupart des compétences économiques, sociales et culturelles au territoire. Ne manque plus que le régalien, sécurité, justice, défense, diplomatie. « J’ai dit à Catherine Colonna, la ministre des affaires étrangères, que nous avons besoin de savoir comment la stratégie indo-pacifique de la France se conjugue avec la réinsertion de la Nouvelle-Calédonie dans la région », a détaillé Louis Mapou. Car, estime-t-il, Kanaks et Tahitiens de Polynésie y ont « une légitimité naturelle ». Et la victoire indépendantiste aux dernières élections à Tahiti constitue « une donne nouvelle ».
A l’heure où l’Etat mène des discussions compliquées pour imaginer l’avenir du territoire avec des indépendantistes et des loyalistes tentés par la surenchère, « il faut se concentrer sur l’objectif que nous nous sommes fixé : la stabilité de la Nouvelle-Calédonie. Celle-ci a besoin de sérénité », ajoute M. Mapou.
Louis Mapou, 64 ans, membre du Parti de libération kanak (Palika), ne fait pas partie de la délégation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) qui discute actuellement avec l’Etat des futures institutions du pays, et n’a pas de mandat des indépendantistes. Mais sa voix compte. « La demande de l’ensemble des forces politiques de Nouvelle-Calédonie était que je vienne à Paris faire valoir nos besoins. Avec le gouvernement central, j’ai surtout souhaité parler de la gestion des affaires de la Nouvelle-Calédonie. »
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