« La transition vers la neutralité carbone aura des effets économiques positifs mais relativement modestes à long terme »
Quelles incidences aura la transition vers la neutralité carbone sur la croissance et la dynamique économique de notre pays ? Existe-t-il plusieurs chemins afin d’y parvenir ? Pour répondre à ces questions, l’Ademe a simulé les effets macroéconomiques des quatre scénarios « Transition(s) 2050 » qu’elle a conçus. Ceux-ci combinent dans des proportions variées le recours aux énergies décarbonées, la sobriété et le progrès technique, pour atteindre la neutralité carbone d’ici au milieu du siècle. Plusieurs enseignements peuvent en être tirés.
Premièrement : les besoins de financement dépendent fortement des scénarios de transition choisis. Une sobriété organisée requiert nettement moins d’investissements que la poursuite d’un objectif de croissance de toutes les activités économiques, assortie de l’essor de technologies de capture et stockage du carbone encore incertaines. Les investissements supplémentaires requis pour la transition pourraient être relativement modestes, car la plupart d’entre eux se substitueront d’abord à des investissements « bruns ». Transition ou non, les ménages et les entreprises continueront d’investir pour remplacer leurs voitures, leur chaudière ou leur appareil de production.
Si le montant global d’investissement devrait rester stable en moyenne annuelle d’ici à 2050, la part des investissements favorables au climat devrait, elle, doubler pour atteindre 85 milliards d’euros annuels d’ici à 2050, dans le scénario le plus sobre, et 133 milliards dans celui qui exclut toute forme de sobriété.
Ils seront d’abord portés par les ménages (véhicules électriques, rénovation énergétique), puis par les entreprises (énergies renouvelables, rénovation des bâtiments tertiaires, efficacité énergétique dans l’industrie, transports collectifs) et enfin par le secteur public (isolation des bâtiments publics, réseaux de chaleur renouvelables, transports en commun et bornes de recharge, etc.). La transition ne devrait donc pas déclencher de tension majeure sur les marchés des capitaux. Une politique monétaire accommodante est cependant nécessaire.
Découplage entre PIB et CO2
Deuxième enseignement : si la part publique des investissements décarbonés reste faible, l’Etat devra nécessairement verser des aides publiques importantes pour déclencher les investissements privés, de 10 à 15 milliards d’euros par an en moyenne d’ici à 2050 selon les scénarios.
Des millions de ménages n’ont pas la possibilité de recourir au crédit bancaire pour financer des travaux de rénovation ou acheter un nouveau véhicule. Nombre d’entreprises connaissent des problèmes d’accès aux financements. En l’absence de prix du carbone élevé, l’industrie a besoin de subventions pour atteindre ses objectifs de décarbonation. Les dépenses publiques devront donc augmenter.
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