« deux préfets en activité » se seraient réjouis
La commission d’enquête parlementaire ouverte après l’agression du détenu a rendu son rapport. Plusieurs messages « entre préfets » y sont reproduits.
Par B.L. avec AFP

© PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
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Des accusations fortes. « Deux préfets en activité » se seraient réjouis, sur « une boucle WhatsApp » privée, de l’agression mortelle d’Yvan Colonna à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône). Ces échanges ont été rendus publics mardi 30 mai, sous le couvert de l’anonymat, dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire.
Président de cette commission sur l’agression d’Yvan Colonna, le député nationaliste corse Jean-Félix Acquaviva a communiqué dans les annexes du rapport ce qu’il présente comme des échanges « entre préfets en activité », qui auraient eu lieu « entre le 10 mars et le 11 mars 2022 », « au moment de la décision de levée du statut de détenu particulièrement signalé (DPS) d’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, à la suite de l’agression mortelle d’Yvan Colonna du 2 mars 2022 ». Cette décision était intervenue le 11 mars, après que le statut de DPS d’Yvan Colonna, qui purgeait une peine de perpétuité pour l’assassinat du préfet Érignac, avait, lui, été levé le 8 mars par le Premier ministre d’alors, Jean Castex, pour permettre des visites de ses proches à l’hôpital.
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Alain Ferrandi et Pierre Alessandri étaient deux autres membres du « commando Érignac » auteur de l’assassinat du préfet en 1998 à Ajaccio. Dans ces échanges, dont les noms des auteurs ont été remplacés par les lettres X et Y pour garantir « le respect absolu des sources », précise le député corse, l’un des auteurs indique que « Fernandel tue Érignac une 2ᵉ fois », en référence à la décision du Premier ministre de lever le statut DPS d’Yvan Colonna.
Gérald Darmanin demandait des preuves
Son interlocuteur lui répond que « M. devrait démissionner », semblant faire référence à Emmanuel Macron, dont il qualifie le mandat de présidence « de la honte et du déshonneur ». X renchérit en assurant que « l’autre détenu », c’est-à-dire Franck Elong Abe, « n’a fait que ce que l’État aurait dû faire à l’époque », appelant également à « un référendum national sur l’indépendance de la Corse », comme cela a été « fait pour l’Algérie ». Y appelle, lui, à la démission de M. Castex, estimant qu’il a « trahi l’État », ou à défaut à celle d’Emmanuel Macron. « C’était pas la peine de nous obliger à faire des salles Érignac partout si c’est pour pisser sur sa mémoire aujourd’hui », réagit X.
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Jean-Félix Acquaviva avait déjà évoqué l’existence de ces messages lors de l’audition de Jean Castex par la commission d’enquête parlementaire, le 8 mars dernier. Dans une lettre datée du 14 avril et publiée par Corse-Matin, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, dont dépendent les préfets, avait demandé à Jean-Félix Acquaviva « les preuves correspondant » à ces messages afin « d’en tirer toutes les conséquences », estimant qu’il s’agissait d’une « accusation particulièrement grave ».
Agressé le 2 mars 2022 dans la prison d’Arles, Yvan Colonna était décédé le 21 mars.
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