« Il est très difficile, sinon impossible, de sortir sans dommages des politiques économiques expansionnistes »

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Après une longue période de politiques budgétaires et monétaires expansionnistes dans de nombreux pays de l’OCDE, gouvernements et banques centrales veulent retrouver un certain degré de rigueur. Mais lorsque les politiques économiques ont été très expansionnistes pendant une longue période, il est très difficile, sinon impossible, d’en sortir sans dommages. Elles sont de fait devenues pratiquement irréversibles, puisque le retour à des politiques plus conventionnelles aurait des inconvénients majeurs et pourraient déclencher des crises. Ce retour à la rigueur ne sera donc probablement pas mis en œuvre.

Entre 2010 et 2022, le taux d’endettement public a augmenté de 19 points aux Etats-Unis (de 100 % à 119 % du produit intérieur brut, PIB), et de 9 points dans la zone euro (de 86 % à 95 % du PIB). Depuis 2020, ces taux d’endettement publics ont commencé à reculer, mais pour une raison arithmétique : le taux d’intérêt à long terme a été nettement inférieur à la croissance nominale (en valeur), du fait de la poussée de l’inflation. Cette réduction disparaîtra probablement en 2024 : au-delà de cette date, il ne faudra plus compter sur l’inflation pour réduire ce taux. Le stabiliser exigera alors de faire disparaître le déficit public primaire (hors intérêt sur la dette publique), alors qu’il sera en 2023, d’après les prévisions des gouvernements, de l’ordre de 2 points de PIB au moins aux Etats-Unis comme dans la zone euro.

Pour réduire le déficit primaire, il faudra donc baisser le niveau des dépenses publiques ou accroître le niveau des impôts de plus de 2 points de PIB, ce qui paraît très difficile. Les investissements publics sont déjà à un niveau très bas aux Etats-Unis et dans la zone euro (3,1 %, contre 3,5 % en 2010 dans la zone euro et 4 % aux Etats-Unis), alors que la transition énergétique et la relocalisation de productions stratégiques vont nécessiter leur accroissement. En termes réels, les dépenses publiques ont d’ailleurs augmenté de 16 % aux Etats-Unis et de 12 % dans la zone euro depuis 2017, et ce mouvement ne sera pas inversé en raison des besoins supplémentaires en matière d’éducation, de santé, de recherche, de défense…

Prêts supplémentaires

Comme les gouvernements et les Parlements rejetteront probablement une hausse de la pression fiscale, aux Etats-Unis comme en Europe, il est probable que le taux d’endettement public, quelles que soient les règles budgétaires en place, ne diminuera pas significativement au-delà de la baisse automatique de court terme due à l’inflation. De façon tout aussi irréversible, la taille du bilan des banques centrales ne devrait pas pouvoir dégonfler autant qu’annoncé. Depuis le début de 2020, avec la crise liée au Covid-19, le bilan de la Réserve fédérale américaine (Fed) a augmenté de 4 000 à 8 500 milliards de dollars (3 713 à 7 891 milliards d’euros) ; celui de la Banque centrale européenne (BCE) de 3 000 à plus de 6 000 milliards d’euros. Soit plus d’un doublement…

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