Le maintien par Standard & Poor’s de la note de la France, un satisfecit à la portée limitée pour le gouvernement

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Bruno Le Maire, ministre de l’économie, visite la gigafactory d’Automotive Cells Company, une coentreprise de Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz, lors de son inauguration sur les communes de Billy-Berclau et Douvrin (Pas-de-Calais), le 30 mai 2023.

L’échéance affolait bien plus le monde politique que les marchés auxquels elle était pourtant destinée. Vendredi 2 juin au soir, l’agence américaine Standard & Poor’s a finalement choisi de ne pas toucher à la note de la dette française, maintenue au niveau AA. La pression était allée croissant depuis que sa concurrente Fitch avait, à l’inverse, décidé, fin avril, de la dégrader à AA−, s’inquiétant de la capacité du gouvernement à réformer dans un contexte social tendu.

« Les autorités ont revu récemment leur stratégie de consolidation budgétaire à moyen terme », écrit Standard & Poor’s pour justifier le statu quo, soulignant la « prospérité » de l’économie française et la « solidité » de ses institutions. La France a durci en avril ses objectifs de redressement des finances publiques, et compte désormais ramener son déficit à 3,2 % du produit intérieur brut en 2026, un objectif plus ambitieux que celui qui avait été présenté à l’agence fin 2022. Celle-ci souligne en outre les effets positifs de la réforme des retraites et la sortie des mesures de soutien liées à la crise de l’énergie. Comme Fitch, elle voit toutefois l’absence de majorité au Parlement comme l’un des « risques » pesant sur la crédibilité des objectifs fixés, confirmant la perspective négative qui influe sur la note.

Le gouvernement y a immédiatement vu la validation de ses efforts des derniers mois. « C’est un signal positif, a réagi le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, auprès du Journal du dimanche (JDD), vendredi soir. Notre stratégie en matière de finances publiques est claire. Elle est ambitieuse. Et elle est crédible. » A mesure qu’approchait l’échéance, l’exécutif avait multiplié les gages de bonne gestion ces dernières semaines, annonçant il y a quelques jours le gel de pas moins de 10 milliards d’euros de crédits alloués aux différents ministères en 2023, et réduisant de 5 % ceux de 2024. Bruno Le Maire mettait aussi en avant dès qu’il en avait l’occasion la résistance de l’économie française par rapport à son voisin allemand, le ralentissement de l’inflation qui s’amorce et, bien sûr, la réforme des retraites adoptée au printemps, censée rapporter 8 milliards d’euros à l’horizon 2027.

Bruno Le Maire, « garant de cette fermeté »

Standard & Poor’s avait alimenté les craintes de l’exécutif avec un premier avertissement le 2 décembre 2022, lorsqu’elle avait décidé d’assortir la note de l’Hexagone d’une perspective « négative » – un premier pas vers une sanction plus explicite. Elle évoquait alors le risque de ralentissement de l’économie et le coût budgétaire élevé des politiques de soutien dans la crise de l’énergie. Le gouvernement comme les élus avaient fini par se résoudre à l’hypothèse d’une sanction par l’agence américaine, tentant à l’avance d’en minimiser la portée. Emmanuel Macron avait même carrément critiqué l’agence Fitch, estimant dans L’Opinion du 15 mai que celle-ci se trompait « profondément dans son analyse politique ». « Nous avons fait la démonstration qu’on savait voter beaucoup de textes de loi avec cette majorité », ajoutait-il.

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