La grève, nouvelle attraction de Disneyland Paris

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La manifestation des salariés de Disneyland Paris appartenant au Mouvement anti-inflation, à Marne-la-Vallée, le 3 juin.

La grande parade n’aura pas lieu. On annonce même un débrayage au Pavillon des princesses. Ce samedi 3 juin, près d’un millier de manifestants prennent d’assaut le château de la Belle au bois dormant, l’emblème de Disneyland Paris. Leurs slogans brisent la « magie Disney » : « Marre d’être fauché comme Donald Duck », « Malgré ses grandes oreilles, Mickey ne nous écoute pas ».

Trois jours plus tard, le 6 juin, une partie des salariés de la première destination touristique d’Europe ont voté à nouveau la grève et défilé. Le « pays des rêves qui deviennent réalité » est rattrapé par la colère sociale. Samir Chagroune jubile : « Jamais on n’avait réussi à mobiliser à ce point les petites mains du parc. Elles sont sorties de l’ombre. » Le trentenaire, sac Avengers sur le dos, affiche la bonne humeur indispensable à son métier de guests flow, qui consiste à gérer les flux de visiteurs.

Dans la foule flottent des drapeaux syndicaux, mais la banderole de tête du cortège annonce : « Mouvement anti-inflation » (MAI). Samir Chagroune est l’un des porte-parole de ce ­collectif indépendant de salariés qui organise le mouvement social. Le Normand a travaillé chez McDonald’s avant de postuler, il y a six ans, au royaume de Mickey. Un rêve de gosse autant qu’un plan de carrière. A l’unisson de beaucoup de salariés, il décrit un « métier passion ». « Quand j’ai Winnie l’ourson pour collègue, que Bourriquet me tape sur l’épaule pendant mes pauses clope, que je peux redonner le sourire à des enfants malades, je me dis que je fais un des plus beaux boulots du monde. »

Un crève-cœur

Mais, derrière les sourires et les uniformes de héros, le ­ras-le-bol des cast members – le nom que Disney donne à ses salariés – couve depuis des années. Après deux grèves peu médiatisées, pour ne pas entacher l’image de petit paradis, les salariés ont décidé de rendre leur malaise visible en défilant au milieu des attractions dans Main Street le 30 mai. Un crève-cœur pour beaucoup, qui ne jurent que par le « respect du parc » et de ses visiteurs. Les réponses (125 euros de prime, une partie du 13e mois mensualisé, une incitation à monétiser leur compte épargne-temps) de la direction, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, sont jugées insuffisantes. « Il n’y avait plus d’autre moyen pour se faire entendre », plaide Samir Chagroune.

La liste des frustrations s’étire comme la queue devant Big Thunder Mountain, les montagnes russes les plus courues du parc : salaires autour du smic quand le coût de la vie explose ; sous-effectifs chroniques qui obligent de simples employés à manager des armées d’intérimaires ; plannings flexibles qui nuisent à la santé et impactent la vie sociale. « Avant le Covid, des petits gestes compensaient un peu : des petites primes, des ­déjeuners, des sorties offertes, se souvient Samir Chagroune. Ils ont disparu et ne sont jamais revenus. » Les salariés affirment que leurs conditions de travail, dégradées, ne leur permettent plus d’appliquer la « philosophie Disney » : sécurité, courtoisie, spectacle, efficacité, inclusion.

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