L’Assemblée nationale adopte largement la loi de programmation militaire

En dépit des tensions qui ne cessent de s’exacerber entre la coalition présidentielle et les oppositions sur la réforme des retraites, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture à une large majorité, jeudi 7 juin, la loi de programmation militaire (LPM) pour les années 2024-2030. A l’issue de quinze jours de débats en séance publique, le texte dont l’objectif est de « moderniser » l’appareil militaire, a été voté avec 408 voix pour et 87 contre.
Outre la coalition présidentielle – Renaissance, MoDem et Horizons –, ce budget des armées de 413 milliards d’euros répartis sur sept ans a reçu l’assentiment du Rassemblement national (RN), du parti Les Républicains (LR) et du groupe hétéroclite Libertés, indépendants, outre-mer et territoires. A gauche, si les « insoumis » et les communistes ont voté contre, les socialistes et les écologistes se sont abstenus.
Pour le camp présidentiel, ce scrutin est la démonstration qu’il peut encore parvenir à bâtir des majorités texte par texte dans un Hémicycle encore rythmé par la bataille parlementaire sur la réforme des retraites. A l’image de l’adoption définitive, le 13 avril, du projet de loi sur les Jeux olympiques puis, le 16 mai, du texte visant à accélérer la construction de réacteurs nucléaires.
Il s’agit également d’une victoire politique pour le ministre des armées, Sébastien Lecornu, dont « le respect » et « l’écoute » durant les débats et la prise en compte des amendements des oppositions – une centaine adoptée – ont été salués par plusieurs orateurs, mercredi après-midi au cours des explications de vote. Afin de veiller au grain jusqu’au bout, le ministre des armées est allé jusqu’à annuler, à la dernière minute, son déplacement au Shangri-La Dialogue – le forum annuel sur la sécurité de l’indo-pacifique qui avait lieu du 2 au 4 juin, à Singapour –, dans un contexte de fortes tensions sino-américaines et constitue normalement un rendez-vous incontournable pour un ministre de la défense.
Des choix capacitaires drastiques
Pour le député « insoumis » des Hauts-de-Seine, Aurélien Saintoul, le ministre des armées, ex-LR, « a créé les conditions d’un débat digne et argumenté qui nous permet de prendre acte des convergences comme des désaccords, sans procès d’intention ni remarques infamantes ». « Vous devriez expliquer, monsieur le ministre, ce qu’est la démocratie parlementaire à vos collègues Darmanin, Le Maire, Dussopt ou autres Dupond-Moretti. Et si j’osais, vous devriez aussi donner des cours particuliers à Mme Borne », a ironisé, depuis la tribune de l’Hémicycle, l’élu RN de Moselle, Laurent Jacobelli.
Il vous reste 63.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.