Une fracture sociale persistante en France, selon l’Observatoire des inégalités

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Lors de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites, à Paris, le 6 juin 2023.

L’objectif est de « comprendre la société française, sans chercher à noircir le tableau, ni à l’enjoliver », prévient l’Observatoire des inégalités dans l’avant-propos de son rapport 2023 sur les inégalités en France. Publié ce jeudi 8 juin, le document d’environ 150 pages décrit pourtant la réalité d’une fracture sociale dans une France où « les inégalités entre les classes sociales demeurent aiguës ». « Ce rapport s’inscrit dans un contexte paradoxal, avec, d’un côté, une amélioration de l’emploi depuis 2015 et, de l’autre, une forte inflation et un risque de déclassement pour les salariés peu qualifiés qui subissent de fortes pertes de pouvoir d’achat », développe Louis Maurin, directeur de cet organisme indépendant.

Il est encore difficile d’analyser les effets de cette inflation et même ceux de la crise due au Covid-19, les données pour 2020 ayant été publiées mais non validées par l’Insee car recueillies dans des conditions dégradées. Mais, selon le rapport, les inégalités n’ont pas explosé et l’écart de niveau de vie minimum des 10 % les plus riches est resté environ 3,28 fois plus élevé que le niveau de vie maximum des 10 % les plus pauvres en 2020. Les inégalités de patrimoine se sont en revanche accentuées : les 10 % des ménages les plus fortunés possèdent 47 % de l’ensemble du patrimoine des ménages en 2021 (contre 41 % en 2010).

Cette fracture sociale est visible dès le plus jeune âge, à l’école primaire. « Nous avons un système scolaire marqué par un élitisme social, qui favorise davantage les enfants de diplômés que les autres », dénonce Louis Maurin. Entre le CP et le CM2, environ 70 % des élèves en difficulté en français ou en mathématiques améliorent leurs résultats lorsqu’ils appartiennent à un milieu très favorisé, contre 42 % dans l’extrême inverse. Les enfants d’ouvriers sont ensuite sous-représentés en lycée général ou technologique (19 %) et sur les bancs de l’université (10 %), où les enfants de cadres sont trois fois plus nombreux. « L’enseignement supérieur s’est ouvert à un plus grand nombre d’élèves, mais cela a beaucoup plus bénéficié aux enfants de cadres qu’aux enfants d’ouvriers », conclut le rapport sur ce thème.

« Accumulation des rancœurs »

Ces inégalités se répercutent dans le monde du travail : 17 % des ouvriers peu qualifiés sont au chômage, soit un taux 4,5 fois supérieur à celui des cadres. Pour autant, il faut noter une baisse de ce pourcentage depuis 2011. Le rapport note « une amélioration générale réelle » concernant une diminution du taux de chômage, même si « ce résultat est en partie lié à un bond de l’apprentissage et à la création d’emplois de mauvaise qualité », nuance-t-il dans le même temps. Pour Louis Maurin, la question est surtout de savoir comment cette courbe du chômage évoluera. « Depuis les années 1980, on a vécu des périodes de baisse suivies d’une certaine forme de remontée. Il faudrait s’attendre à un important renforcement des tensions sociales si c’est le cas dans les années à venir », prévient le directeur.

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